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agenda suicide

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“Vous remplacerez Mme M qui s’absente pendant un mois, je vais vous faire un nouveau contrat.” Je voulais une semaine sans eux, c’est tout. Mais ça va continuer… salle de repos morbide couleur hôpital – biiip “article non trouvé” – clients affolés, trop pressés – alternance de compliments et d’insultes plus ou moins dissimulées – conversations passionnantes sur le temps – climatisation pour alimenter mes infections grippales – commencer et terminer la journée exactement au même endroit, avec les mêmes personnes et le même fond sonore, baignant dans la même lumière – …- Elle dit “au moins t’as de l’argent, c’est la première fois que tu restes pendant 4 mois sans découvert bancaire”. Sauf que je n’ai ni le temps, ni même l’envie de le dépenser. C’est paradoxal, il s’avère que je ne jette l’argent que lorsque je n’en ai pas. Douche brûlante, je presse le jet contre ma gorge très douloureuse, respiration coupée, c’est presque agréable, c’est agréable, j’imagine que je m’étrangle. Il se passe des trucs bizarres dans mon corps. Il y a cet oeil rouge, pas douloureux, juste rouge sanguinolent. Tout a l’air si fragile, facile à taillader, couper, arracher. Une phrase stupide “je pars par petits morceaux” prononcé par un homme, dans ma tête, elle doit provenir d’un film, ou d’un livre. Ils sont de plus en plus nombreux à penser qu’il y a de la somatisation dans tout ça. Je bois du thé trop chaud, ça anesthésie, un peu. Simulacre de contrôle. Parce qu’il y a des horaires, des obligations, des règles, je peux me permettre de ne plus avoir le temps. Avant c’était différent, faire la larve toute la journée, pour mieux culpabiliser le soir : “j’ai rien fait alors que j’avais tout le temps de bosser”. Maintenant, ce n’est pas ma faute, c’est celle du Monoprix. L’objectif, c’était d’être indépendante et de se créer un rythme de vie. D’une certaine façon, ça fonctionne. Tant que je flotte parmi les contraintes, tout ne va pas si mal, je fonctionne machinalement… Jusqu’au moment où je me connecte à la réalité, c’est un peu comme un décollage en avion, haut le coeur et nausée. Parce qu’en bas c’est dangereux – je suis passive finalement – je ne sais même pas ce qui contrôle ma routine. Elle ose me dire que, maintenant, je suis autonome.

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