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où il est question d’un médecin, d’un mélomane, d’une Barbie, de poulets, et d’un train fantôme aussi

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La note précédente n’avait rien à faire ici, ce n’était qu’une lettre, de celles qui ne sont jamais postées. J’écris afin de la voir s’éloigner de mon champs de vision parce que je ne me résous pas à la supprimer. C’est bête. Je laisse le tiroir entrouvert au cas où, comme à l’époque où je laissais des choses compromettantes dans ma chambre de gamine plus ou moins malgré moi… Alors je fais un post de remplissage, un peu creux à l’intérieur et ficelé à la hâte avec des bribes de journées.

Mon médecin m’interroge :
– vous êtes artiste vous, c’est ça ?
– Artiste ?
– Oui, votre métier…
– Bibliothécaire
– C’est bien ce que je dis, artiste. (Affirme-t-elle avec une conviction désarmante).

Un jeune homme avec une canette de Kro dans les mains me lance “je peux écouter ta musique ?” sur un ton suppliant. Je lui prête le casque de mon baladeur quelques minutes. “C’est chouette !”, s’exclame-t-il. Quand je le laisse, il dit “merci de m’avoir parlé, tout le monde refuse de me parler”.
En réalité je n’ai pas prononcé un seul mot.

Poupée Barbie m’explique : “en une heure, j’ai réussi à acheter des vêtements, du maquillage, et des bijoux et à manger un sandwich malgré tout ! C’était un vrai défi, je suis fière de moi !” Je lui réponds : “Bravo ! c’est très bien, il faut toujours se lancer des défis importants dans la vie.” Sur un ton suspicieux : “tu ne serais pas en train de te moquer de moi Junko ?”

Ce week-end, je me ballade dans la région qui m’a vu naître. Epines de pins – mer agitée – ciel bleu – mistral. Je déteste toujours autant la Côte d’Azur… J’y ai mes racines pourtant paraît-il, mais je suis incapable de me poser sur ce sol desséché. J’observe avec dégoût toutes ces blondasses caramélisées huilées : des poulets rôtis posé sur des serviette de plage, les membres imbibés d’une marinade ruisselante et les cuisses écartées sur le sable. Cet étalage de viande flasque et trop cuite m’écœure.
Cependant maman a rendu son verdict “c’est le gendre idéal”. Maman qui se colle maladroitement contre moi, en essayant de me faire rester à ses côtés toujours plus longtemps. Papa est un peu désorienté par le “gendre idéal”, il ne retrouve plus sa petite fille.
Tout ceci est amusant, mi-joyeux mi-triste.

Aujourd’hui, j’étais toute étonnée de me retrouver déjà devant chez moi. Je ne me souvenais pas d’avoir fait le trajet. Il y a des périodes comme ça. Dans les films d’horreur, je détourne parfois la tête juste avant de voir l’image dégueulasse, celle qui s’imprimera dans ma rétine et dans mon esprit surtout. Quand j’étais petite déjà, je fermais les yeux dans le train fantôme…
Je suis professionnelle dans l’art de m’échapper du présent, avec de la musique, avec de l’imaginaire, et aussi avec du vide… quand je décide d’avoir une “vision sélective”. Mais allez, pour le moment, je lis de bons livres, j’écoute de jolies musiques et dans 3 mois je m’envole dans le Connemara avec mon amoureux, alors… (je n’essairai pas d’aller voir ce qui se dissimule dans l’envers du décors)
Comme dit l’autre : We all float on alright !

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