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écrabouillées les amours-amitiés

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Parfois, quand on se dispute, j’ai l’impression d’expliquer que la terre est carrée à quelqu’un qui prétendrait qu’elle est rectangulaire, comme si on se plaisait à ignorer tous deux qu’elle est ronde…
[Le Monsieur dit : ‘Pour accueillir l’autre, avec ses valeurs, sa culture, ses croyances, ses opinions, je dois d’abord me débarrasser entièrement de mon monde à moi. Sinon je ne pourrais jamais avoir accès à son monde à lui. Mais ça nécessite d’avoir une énorme confiance en l’autre. C’est cela l’amour”.] Je gribouille des gros ronds noirs sur le quadrillage bleu et blanc, je les remplis méthodiquement en commençant par le contour, avec des gestes lents et insistants pour annéantir toute trace de blanc. Quand mon stylo commence à transpercer la feuille en crissant, je remarque un silence inattendu tout autour… Je croise leurs regards stupéfaits. Continuez à parler d’amour et de confiance en l’autre, ne vous inquiétez pas pour moi, même si cette conversation me stresse je l’avoue.
Les barreaux se sont desserrés, je pourrais me faufiler sans difficulté. Pourquoi est-ce que je n’ai pas envie de m’échapper ? Pourquoi est-ce que je recrée des grilles sans cesse ? (Parce que) j’ai été heureuse avec toi ; j’ai été malheureuse avec toi ; je suis malheureuse sans toi.
C’est une histoire qui s’intitule “Construction-Déconstruction”. A chaque fois que ça commence à prendre forme tout s’écroule. Alors on reconstruit. Mais à chaque effondrement quelques morceaux disparaissent. Maintenant il ne reste plus grand chose de ce qui était : un fragment… Les bribes d’un rêve, pareilles à ces matin où je me réveille avec des images floues plein la tête mais aucun fil conducteur à l’intérieur. Un mirage dans un désert. Je le suis à l’aveuglette, je m’accroche en dépit des bourrasques. Tu trouves ça beau, dis-tu ? Tu as tort. La beauté je la vois dans le contact de nos corps, le mélange de nos voix, les situations délirantes, les souvenirs abracadabrants et surtout toutes ces émotions jamais ressenties auparavant. Mais dans mon acharnement à y croire encore et encore, il n’y a pas de beauté. Seulement un instinct de survie, peut-être…
Je m’engage prudemment sur une nouvelle voie – la seule issue qui n’ait pas été empruntée – juste au cas où ce joli reflet là bas existerait réellement. Mais s’il s’agit encore d’une impasse, si tous mes espoirs dégringolent de nouveau, alors je renoncerai irrémédiablement. Je noircirais le trompe l’œil et je déchirerai mes rêves déjà moribonds.
Avec le temps les débris s’envoleront. Je soufflerais fort dessus jusqu’à ce qu’il partent loin, très loin.
Un jour peut-être, nous serons pleinement heureux ensemble.
Ou un jour peut-être, je serais pleinement heureuse sans toi.

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