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Coeur – pastèque – ascenseur

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Je ne raconterais pas comment mon ordinateur s’éteint brutalement tous les quarts d’heure sous le poids de la chaleur, ni les sept étages à monter péniblement à cause de l’ascenseur en panne, ni le travail qui m’engloutit pendant que mes amis étudiants savourent leurs vacances, ni les cigarettes fumées en dépit du patch… (…)

* Une madame m’a chuchoté très fort : “han… vous vous rendez compte, j’ai 46 ans et je suis ivre ! Je suis complètement ivre ! Je te souhaite que du bonheur ma chérie, rien que du bonheur !”. Elle l’a dit sur le ton de la confidence honteuse mais rigolote, comme une gamine racontant quelque chose d’interdit à sa copine en pouffant. C’était vraiment mignon. L’alcool la remplissait de tendresse, ça se lisait jusque dans ses yeux mouillés remplis de petites lumières. J’avais envie d’être à sa place à ce moment là mais je n’étais pas éthylique du tout, c’en était frustrant… Pourtant ce n’était pas faute d’avoir essayé.

* Un monsieur a longuement expliqué a mon amoureux “il faut bien la protéger ta copine parce qu’elle est trop gentille” et à l’entendre c’était quelque chose d’extrêmement dangereux.

* Un jeune prêtre m’a gravé “je t’aime” à la pointe du couteau sur l’écorce d’une pastèque. Ensuite, il m’a donné un cœur découpé dans le fruit, et puis “c’est un petit cœur brûlant puisqu’il est rouge, doux puisqu’il est sucré, et rempli d’espoir puisqu’il y a du vert autour”. Et je me suis trouvée toute bête, alors j’ai souris comme à chaque fois que je me sens “réactionnellement” démunie. Je l’ai trouvé touchant.

* Je n’avais jamais réalisé à quel point c’était incroyablement beau un ascenseur. Même quand il est minuscule, avec des portes en acier, des grincements et une lumière aléatoire. Cet agencement technique qui permet de gravir en quelque secondes toutes ces marches, c’est réellement magnifique.

* Ce soir là quand on était assis tous les deux, nus, sur ce bout de toit, j’étais la reine de l’univers. Je pouvais distinguer toute la ville : les Eglises, les ponts, les fleuves, et même les phares des voitures. La lune n’avait pas soif et certaines étoiles clignotaient dans la brise. Je me suis sentie amoureuse et panthéiste.

* Si j’avais inventé sans le savoir une ville de la fin des temps parfaite, où les licornes gouvernent la destinée d’hommes immortels qui n’ont plus de cœur ni d’ombre, j’aurais peut-être été tenté d’y vivre (en gardant quelques miettes de cœur malgré tout, comme le héros du livre). Mais la musique n’existe pas dans un monde où personne n’a de cœur, donc non finalement.

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