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Tout a commencé de manière anodine. C’est souvent ainsi que les drames commencent, de manière anodine. *

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Debout au soleil, je fume une cigarette sur la terrasse que je m’apprête à quitter, au septième étage. J’aurais préféré avoir le ciel nocturne pour dernière image, tant pis. À plusieurs reprises, le bras tendu, je cherche quelques instants la table sur laquelle j’avais l’habitude de poser ma bouteille de bière, avant de la caler dans un pot rempli de terre. Sans le vouloir, nous avons tué les plantes des précédents locataires. J’étire mes mains qui viennent de frotter les traces de crayons de couleur sur le mur du couloir et de recoller le pan de papier peint arraché dans la chambre de notre fils. Au dessus de moi, juché sur un escabeau, mon amoureux essaie de cacher la moisissure du plafond à grand coups de truelles. Au moins, dans le prochain appartement, il n’y aura plus de caution à récupérer et nous serons libres de tout casser, me dis-je, avant de comprendre que la suite de notre vie à trois risque d’être compliquée. Lorsque j’étais étudiante, ma mère faisait ce dernier nettoyage à ma place. Comme si j’étais moins apte à être une bonne ménagère à vingt ans qu’à trente-cinq ans bientôt.

« C’est dégueu, vraiment dégueu », râlait ma belle-mère, quinze jours plus tôt, en nettoyant le dessus des meubles en hauteur de la cuisine « . Pendant ce temps, je me demandais comment j’aurais pu les atteindre sans échelle, même si j’avais un jour pensé à les nettoyer. J’oublie sans cesse que ce qui ne se voit pas prend la poussière aussi. En me jetant des regards en coin elle avait ajouté :
« — ce n’est pas agréable hein, de faire le ménage. (Toi en tout cas, on voit que tu n’aimes pas ça.)
— Le problème c’est que c’est comme Sisyphe et son rocher : il faut éternellement recommencer.
— Disons que si on ne le fait pas tous les jours on finit par avoir des problèmes hein. (C’est comme ça que tu en es arrivée à vivre dans cette porcherie). Quand mes fils étaient petits, je nettoyais les pièces tous les jours mais c’est sûr que c’était du boulot. (Grosse flemmarde !) Enfin au moins, par miracle, Le Boutchou a une santé de fer ! » (Et ça, ce n’est certainement pas grâce à toi !)
J’aimerais l’entendre prononcer les phrases en italiques, afin d’y répondre avec franchise. A défaut d’améliorer notre relation, cela aurait le mérite de nous libérer l’une et l’autre.

Avant ce ménage de départ, au début de l’été, j’ai passé deux semaines avec mes beaux-parents et leurs trois fils dans une petite maison isolée, en altitude, sans connexion Internet ni réseau téléphonique. Le genre d’endroit où la collocation peut facilement dégénérer en comédie dramatique voire en films d’horreur. Finalement, nous avons cohabité ensemble de façon pacifique. En général, là-bas, les orages n’éclataient pas. Un soir sur deux, le ciel était parcouru d’éclairs, mais c’était toujours dans le village voisin que la pluie tombait. L’enfant et ses grands-parents étaient déjà couchés. Nous buvions des bières blondes ou blanches, entre deux conversations interrompues par les actions des personnages sur les plateaux de jeux. En général, mon amoureux et moi, nous étions les derniers à rejoindre notre chambre, parfois après la dispute, celle qui rejaillit depuis que je suis chômeuse. Je lui reproche de ne prétendre à tout le monde qu’il peut se libérer n’importe quand et choisir ses horaires alors qu’il part à l’étranger des semaines entières en me laissant seule avec notre enfant. De ne jamais avoir fait marcher son réseau professionnel pour m’aider à trouver un travail. De se satisfaire d’une situation qui me déprime tout en se donnant le beau rôle. Ensuite, je m’aperçois qu’il y a une part de mauvaise foi dans mon discours et beaucoup d’égoïsme alors, au bout du compte, c’est toujours l’un contre l’autre que nous tombons dans l’inconscience.

Je n’aurais pourtant pas dû y penser autant. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais en vacances. C’est curieux, pour une personne privée d’emploi, d’entendre les autres lui parler des vacances ou du week-end à longueur d’année. Le mois dernier, à la fin de notre entretien, mon conseiller Pôle Emploi m’a lancé « bonnes vacances ! » Faut-il être idiot pour souhaiter de bonnes vacances à une chômeuse ! Cela dit, moi aussi j’oublie, puisque je l’ai remercié. Je les remercie tous de me souhaiter une bonne continuation d’inactivité professionnelle. Néanmoins oui, paradoxalement, j’étais en vacances parce que je multipliais les activités. Ou plutôt parce que ces dernières étaient inhabituelles. J’ai fait du badminton, du ping-pong et des randonnées. Même s’il était à mes côtés, mon fils était en partie pris en charge par ses grands-parents paternels et par ses tontons. Je les laissais faire sans la moindre culpabilité. D’une part, ils s’occupaient très bien de lui (peut-être mieux que moi, eux ils le voient trop rarement pour perdre patience), d’autre part le gamin était radieux. Dans l’enceinte du gîte, tout avait été prévu pour le divertir : bac à sable, balançoire, fleurs sauvages, mais aussi des livres et des jouets. Lors de nos sorties, il découvrait la campagne, pas celle des livres pour enfants ni des sorties scolaires à la ferme, mais la campagne des journées rythmées par le chant du coq, des sentiers en forêt, des chevaux derrière un virage et des cueillettes de fruits sauvages en bordure des routes. De toute évidence, les fruits sont meilleurs quand il faut s’entailler les doigts dans les ronces pour les attraper. Il pouvait aussi satisfaire sa passion pour les cailloux. Chaque matin, mon amoureux et moi, nous dévalions en courant des chemins recouverts de pierres blanches, spécificité de cette région de la Haute-Loire. J’aurais pu me tordre la cheville dix fois mais c’est sur du goudron que je me suis fait une entorse, dans la région où vivent mes parents, non loin de la mer.

J’ai entendu mon cardiofréquencemètre sonner – ouais je sais que je suis en dessous de ma zone de confort, je suis assise par terre couillonne de machine – et en l’éteignant, j’ai constaté que nous avions couru six minutes et trente-trois secondes. Six minutes et trente-trois secondes de course à pied dont, sans doute, trois minutes d’inattention durant lesquelles j’écrivais mentalement une nouvelle, juste assez pour trébucher sur un trou au bord de la route. Mon amoureux était affolé par le sang sur mes genoux et sur mes bras. Je lui ai répondu : « mais ça c’est pas grave, j’espère seulement que je ne me suis pas fait une entorse. »  C’est ce que je me répétais en claudiquant vers la maison, putain pourvu que ce ne soit pas une entorse. Je ne sais pas trop qui j’espérais convaincre. Cette cheville en avait déjà subi deux donc je reconnaissais les symptômes. La dernière s’était également produite en été, mais à Lyon (après avoir relu cette archive, ma vie quotidienne actuelle me paraît merveilleuse). Je n’avais pas eu aussi mal. D’ailleurs, j’avais pu marcher normalement de la rue de l’Arbre sec à celle des Tables Claudiennes. Sans doute étais-je anesthésiée par ma grosse consommation d’alcool.

A jeun, la peau brûlée par les glaçons, affalée sur le bain de soleil au bord de la piscine, la douleur me donnait des bouffées de chaleur. J’ai boité jusqu’à un transat à l’ombre pour ne pas m’évanouir. La brise sur les gouttes de sueur m’a donné froid alors je suis retournée au soleil, et ainsi de suite durant de longues minutes. C’est alors que mon père m’a lancé : « fais pas cette tête, ça va s’arranger ! » Si je n’avais pas été aussi faible, c’est sa gueule que j’aurais aimé arranger. Je n’ai pas réussi à lui répondre par un sourire crispé. Malgré l’œdème et l’hématome, je pouvais marcher sans serrer les dents le lendemain quand j’ai vu la doctoresse de la famille. J’avais fumé peu de temps avant de la rejoindre, ce qu’elle a dû sentir. Sans prendre un ton moralisateur, elle m’a avertie : « il faudra arrêter avant d’être comme votre maman. C’est terrible : elle n’arrive plus à respirer et elle fume toujours autant. » (Quand était-ce au juste ? Ma mère fumait encore en cachette mais mon père l’avait compris. Il lui avait gueulé : « si tu continues comme ça, dans moins de cinq ans tu seras morte et à cause de toi, je serai obligé de rembourser le crédit de la maison tout seul ! » Je l’avais trouvé abject). Après m’avoir examinée, elle a prononcé les mots que je redoutais, « grosse entorse », « rupture du ligament », « repos complet ». Durant les heures suivantes, j’ai découvert que j’étais devenue incapable de me reposer. Dés qu’il faut amener ou aller chercher quelque chose, que mon fils appelle, qu’une sonnette retentit, j’ai le réflexe de bondir (bon, quand même pas dans ce contexte) de m’éjecter de ma chaise. Passer mes journées assise sur un canapé est devenu inimaginable.

Au moins ma chute s’est produite à la fin de notre séjour, ce qui m’a permis, par exemple, de passer une journée à déambuler dans les rues de Marseille avec Violaine et Nadège. « J’ai l’impression qu’on s’est vu hier, c’est pareil », remarquait cette dernière, en montant les marches du parc aux animaux multicolores. Hier, il y a dix-sept ans, je leur annonçais que je n’aurai pas d’enfant et que je mourrai avant l’âge de trente-cinq ans. Je suis contente de ne pas avoir réalisé mes projets.
Trois jours après, handicapée, j’ai dû annuler la promenade prévue avec Muji et son compagnon. Entre les apéros et les repas interminables, il nous restait quand même la pétanque et la toute nouvelle salle de billard de mes parents au sous-sol. Si un jour je deviens riche, je ne veux pas de piscine ni de résidence secondaire. Je désire simplement avoir une salle de billard pour jouer gratuitement toute la nuit (avec le bar, les polars et les fauteuils en cuir). A la fin d’un déjeuner, il était question de l’existence ou non d’un instinct maternel. Ma mère s’est mise à raconter à Monsieur Muji : « c’est une connerie, l’instinct maternel. [Junko] est née à cause d’un oubli de pilule. Je n’avais pas du tout de sentiment maternel. Je me serais très bien vue vivre sans enfant. Je me suis demandé si j’allais la garder. J’ai hésité hein. Et finalement, c’est devenu l’amour de ma vie. » Ce n’était pas une découverte et c’est ce qui m’a troublée (outre le fait que mon ami soit le premier à entendre cette histoire). J’étais persuadée d’être née suite à un oubli de contraception, à tel point que j’en avais parlé à certaines personnes en inventant une preuve. Comme pour de nombreux mensonges, il y avait une part de réalité.

Vers l’âge de 10-12 ans, j’adorais faire des tris, de livres, de lettres, de photos… Mes parents avaient des tiroirs plein de photos de famille en vrac. Un jour, ils m’ont proposé de les classer puis de les mettre dans des albums, ce que j’ai commencé à faire avec joie. J’ai décidé de les classer par date, puis par lieu. (J’avais peut-être une vocation de documentaliste au bout du compte. J’ignorais que je ferai la même chose quinze ans après, en stage, avec des photos de Lyon). Je touchais le fond du troisième tiroir lorsque j’ai découvert des petits carnets reliés de cuir. Chacun portait une date dorée en relief sur la couverture. Il y en avait un par an, de 1970 à 1990. J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’un journal intime tenu par ma mère. Elle ne faisait aucun effort littéraire. Elle se contentait de consigner des événements parfois en style télégraphique (« 12h30 : repas plage avec poisson tout juste pêché. Délicieux 14h : baise. » Etc.). J’ai choisi de ne lire que les quinze premières pages qui suivaient ma naissance. (« 24/09/80 : C’est une petite fille. C. (mon père) a pleuré de bonheur en la découvrant. Je ne l’avais jamais vu pleurer. Elle est belle. ») Pour ne pas être tentée d’en lire davantage ou par souci d’honnêteté (après coup, je crois que la première hypothèse est la plus crédible), j’ai annoncé à ma mère que j’avais trouvé ses carnets. Elle s’est empressée de les cacher ailleurs. Je n’ai pas essayé de les retrouver. Par la suite, j’ai prétendu à quelques personnes que j’avais lu les pages dans lesquelles elle découvrait qu’elle était enceinte sans avoir voulu d’enfant, hésitait à me garder, puis se mettait à m’adorer à ma naissance. Jamais, elle et moi, nous n’en avions discuté et ces passages, je les avais imaginés.

Après le départ de la marraine et du parrain de mon fils, la veille de notre retour à Sainté, nous avons décidé d’amener l’enfant à la plage. Auparavant il s’était mouillé dans la piscine. Il était resté sur son jouet gonflable ou sur les premières marches, en dépit de ses bouées (« non je ne peux pas y aller car je suis trop petit et que je ne sais pas nager en fait. Non je ne peux pas y aller car sinon, moi, je vais me noyer normalement. »). Puis, grâce au bateau, nous l’avions amené dans la mer profonde, au large. Cramponné à son père ou à moi, il grelottait de peur. Nous essayions de le faire barboter parmi les autres enfants pour calmer ses angoisses. J’avais une entorse mais on a pied longtemps sur cette plage là. Je me croyais capable de marcher jusqu’à avoir de l’eau jusqu’au cou. J’imaginais même que le massage des vagues pourrait soulager mes articulations. En réalité, la mer engourdissait ma cheville, diminuant mes sensations. Le sable mou m’empêchait de prendre appui sur l’autre pied. Immobile, je commençais à avoir froid. Je savais que je ne devais pas continuer, mais je craignais de me faire mal en faisant demi-tour. J’ai essayé d’appeler des yeux mon amoureux et ma mère. Ils étaient trop loin, je ne voyais que leurs dos. Et là, il s’est passé quelque chose d’irrationnel. Une petite fille d’une dizaine d’années, à qui je n’avais rien demandé, m’a proposé de me tenir la main « pour ne pas que tu tombes ». Elle m’a ramenée sur le rivage. Une gamine aux allures de maman sérieuse et une maman aux allures de gamine perdue.

Dés que nous avons rouvert la porte de notre nouvel appartement, l’enfant s’est écrié : « non ! Je veux retourner chez mes grands-parents ! » Entre une maison avec jardin, balançoire et piscine, et un appartement rempli de cartons et d’outils avec une petite terrasse cimentée, le choix est facile à faire à cet âge là. Sa déception ne m’a pas moins attristée. Les vacances étaient finies pour mon amoureux, la rentrée n’avait pas encore commencé pour notre fils alors entorse ou non, je n’arrêtais pas de me déplacer. Un soir, épuisée après avoir porté des meubles, en descendant l’escalier mal éclairé, j’ai glissé sur une petite voiture posée sur l’avant dernière marche, donc ma cheville droite s’est tordue aussi. Le lendemain, le pharmacien a conclu joyeusement : « et voilà, une attelle pour chaque pied ! Maintenant c’est bon, vous êtes équipée pour les futures entorses ! » Super ! La nuit suivante, j’ai rêvé que j’avais des béquilles. Je n’avais pas besoin de m’appuyer sur elles car elles me portaient. Ensuite, je courais dans une pente avec mes béquilles en touchant à peine terre. Je me disais que désormais, je passerai ma vie entière avec des béquilles tant elles me rendaient heureuse. Je me suis réveillée, puis je me suis battu avec mes attelles (ces trucs là sont vivants, tu prends une bande, elle se colle à celle de derrière, quand tu la tires c’est la seconde qui se barre, entre temps le positionnement sur la cheville n’est plus le bon, etc.)

Après avoir amené mon fils dans sa nouvelle école « colorée, à l’image du quartier »**, j’ai rejoint un inconnu dans un bistrot. « Vous me reconnaîtrez : j’ai des cheveux blancs », m’avait-il précisé. Sinon, je ne connaissais de lui que son métier, celui que je souhaite exercer. Il m’a répété qu’il ne fallait pas que j’espère en vivre, que je travaillerai toujours plus longtemps que prévu sur le devis et que c’était parfois très difficile psychologiquement. J’aurais dû repartir découragée, je suis sortie du bar galvanisée. Parce qu’il m’avait aussi raconté ses rencontres, ses clients, leurs besoins et leurs histoires, leurs différences et leurs points communs.
Encore trois mois et onze jours, et je pourrai commencer ma nouvelle profession. D’ici une semaine, je réapprendrai à marcher sans attelles (ni béquilles), sans perdre l’équilibre surtout. Dans deux jours, j’aurais trente-cinq ans et un appartement qui commence à devenir habitable. Ma trente-cinquième année sera celle des changements tant espérés. Parce que c’est souvent ainsi que les changements décisifs se produisent, petit à petit, de manière anodine.

* C’était la première phrase de la pièce de théâtre que j’ai écrite mais elle n’a pas été conservée dans la version finale. J’ai envie de ne pas l’oublier, malgré tout.
** pour reprendre l’expression de la directrice.

10 commentaires sur “Tout a commencé de manière anodine. C’est souvent ainsi que les drames commencent, de manière anodine. *

  1. Un petit mot parce que ça fait toujours du bien de te lire.. Un petit mot pour te souffler un grand baiser. Joyeux anniversaire à toi ma jolie Junko ! Te lire me fait toujours la même sensation de chaud au fond du ventre. C’est bon. ça me berce. Ton petit bout est terriblement attachant. ça donne envie de se perdre sur le fin duvet d’ses joues tendres..
    Je pense à toi et t’embrasse.
    A.

    1. Ton mot est joli, doux, tendre, et réconfortant. Je t’en suis sincèrement reconnaissante, Lily-A. Je ne distingue pas le moindre duvet sur les joues tendres et rebondies de mon enfan, tant il doit être fin, mais oui, il est difficile de ne pas s’y perdre.
      Des pensées et des baisers d’ici, aussi

    1. Merci Dame Ambre. Je suis certaine qu’ils vont survenir. « Pour le meilleur et pour le pire, rien n’est fixe », comme m’écrivait une célèbre autrice il y a quelques mois et comme tu me l’as dit, différemment, il y a peu de temps.

  2. Avec un peu de retard, bel anniversaire et j’espère que ton projet de travail va éclairer cette nouvelle année pour toi! Que ton monde soit coloré comme ton quartier…..

    1. Merci mais tu sais, que tu y penses ou non au bon moment ne changera strictement rien à l’affection que je te porte Anne. Moi-même, je crois que j’ai oublié de te souhaiter ton anniversaire alors qu’un de tes tweet m’avait informée de l’évènement. Je sais bien que tu ne m’en voudras pas. On ne souhaite pas assez de non-anniversaires à ceux auxquels on tient, de toute façon.
      Je t’embrasse fort

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