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Il y a une dizaine d’années quelque part dans le Connemara

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J’aurais dû faire ce voyage seule l’année d’avant. Pour pouvoir me l’offrir, j’avais passé une partie de l’été debout devant une balance à taper des chiffres et à coller des étiquettes sur des sachets en plastique. Et puis au moment de réserver les billets, j’avais eu peur. Ou plus précisément, ma mère avait paniqué. Comme la veille de ce voyage scolaire en Angleterre, quand elle était venue me réveiller au milieu de la nuit pour me supplier : « s’il te plait, n’y va pas, j’ai un mauvais pressentiment, il va y avoir un problème avec l’avion. » J’avais cédé. De toute façon, ma seule amie n’y allant pas, je savais que je serai seule dans les transports, à table et dans les chambres le soir venu, entourée de groupes de filles chuchotant et gloussant tour à tour. Je ne redoutais pas la solitude, mas l’isolement si. Il n’y avait eu aucun accident finalement. J’avais fait remarquer à ma mère que ma présence n’aurait sans doute pas suffit à provoquer un crash aérien. C’est alors qu’en toute mauvaise foi, elle m’avait parlé de l’effet papillon pour la première fois.

Pour ce voyage en Irlande, elle n’avait pas eu besoin de m’énumérer les risques d’accidents et les éventuelles agressions. Elle s’était contentée de soupirs, de nuits d’insomnie et de regards larmoyants. A la longue, son angoisse avait infusé en moi et je m’étais dégonflée. Comme je tenais quand même à y aller, je lui avais proposé de m’accompagner. J’ai su bien après que c’était exactement ce qu’elle espérait. Au bout du compte, je n’avais pas regretté sa présence. Elle râlait parce qu’elle ne pouvais pas prendre le petit déjeuner avant 7 heures du matin quand j’aurais préféré me lever à 9h, elle s’endormait tôt quand j’aurais aimé voir un concert jusqu’à minuit ou au delà, mais malgré tout… Ce Road trip sans mon père avait entrainé un émouvant déferlement de confidences. De ce jour où son père – mon grand-père pourtant tellement doux avec moi – l’avait battue si fort qu’elle avait été privée d’école, tout ça à cause d’un bouquet de jonquilles cueilli dans un repaire de “blousons noirs”, à sa tante qui crachait du sang à côté d’elle dans sa chambre d’enfant pendant que les adultes discutaient de l’héritage dans une pièce voisine, en passant par sa première véritable émotion musicale dans un concert de Janis Joplin… Beaucoup de ses fêlures s’étaient révélées. C’est grâce à elle aussi que nous sommes entrés dans ce magnifique cimetière abandonné. Portail rouillé, vierges éraflées, angelots aux mains cassées et tombes envahies d’herbe folles, il était trop romantique pour exister. Des années après, j’essaierai d’y aller avec mon amoureux pour le lui montrer, sans jamais le retrouver. Même les photos que j’avais prises ont disparu dans mes déménagements, à force d’être épinglées d’un mur à l’autre.

Un an après, je tenais à y retourner, seule cette fois-ci. J’avais passé deux mois à vendre des hamburgers et à vider des poubelles pour me payer ce voyage. Cette fois-ci, elle n’avait pas essayé de me retenir trop longtemps. Je suppose qu’elle sentait que c’était nécessaire pour moi. Je devais me prouver que je savais me débrouiller dans un pays où personne ne m’attendait. Et puis, ce n’était plus tout à fait un lieu étranger même si j’avais restreint le périmètre d’exploration au Connemara, remplaçant des villes familières par des villes inconnues plus accessibles à pied ou en car. Mal à l’aise au volant en France, je préférais éviter de conduire à l’envers, d’autant que ma mère, pourtant bonne conductrice, s’était pris quelques trottoirs au cours du séjour (par peur de rouler à droite machinalement, elle roulait excessivement à gauche). Désormais, je connaissais les éléments à prendre en compte : le peu de ponctualité des transports en commun, le stop à éviter à moins d’avoir la chance de tomber sur un mouton qui sache tenir un volant, la successions d’éclaircies d’averses et d’arcs-en-ciel, la gentillesse des Irlandais face aux touristes égarés… Mon sac à dos rempli en fonction du climat, mon guide du routard corné et surligné au crayon à papier, j’ai vaillamment pris l’avion.

Je ne m’attendais pas à ce que tout se déroule de manière aussi précise et nette que la trace du crayon à papier sur ma carte. Je n’y tenais même pas à dire vrai. Je ne partais pas à l’aventure pour m’ennuyer. J’ai revu les falaises étourdissantes et la couleur imprévisible du ciel… Comment décrire les paysages irlandais sans aligner les clichés que tout le monde a déjà vus ? Du haut de la colline tourbée, le guide nous a dit : « d’habitude, d’ici, on a une très belle vue ». J’ai photographié le brouillard opaque uniquement pour me rappeler de sa phrase. Dans un car, des Français disaient des conneries : “j’ai lu qu’il y avait beaucoup plus de viols en Irlande qu’ailleurs vu que les nanas sont toutes à poil le cul à l’air”, “il paraît qu’il y a presque autant d’alcooliques qu’en Russie à cause de la bière »… Je n’ai jamais compris pourquoi certains touristes semblent voyager uniquement dans l’objectif de prétendre que tout est mieux chez eux. En tout cas, mes compatriotes me mettaient en colère, mais en ce temps là je n’osais pas encore exprimer mon désaccord face à des inconnus.  Dans un Pub, j’ai fait connaissance avec un guitariste de musique traditionnelle irlandaise. Dans sa bouche, on aurait dit que la France était toute petite, si petite qu’il était possible de voir la Tour Effel de n’importe où. Ou alors il croyait que la Tour Effel était si grande qu’elle dominait l’ensemble du pays. Ou alors je n’ai pas saisi l’ensemble de ses propos à cause de son accent. Quoi qu’il en soit, j’ai fait quelques rencontres plus ou moins intéressantes. La plupart du temps, je déambulais au hasard dans les petites rues résonnantes de musique, entre disquaires, monuments à voir, et bars, sans ennuis particulier. Je gardais malgré tout ce petit noeud au creux du ventre, celui qui me poussait, par exemple, à demander mon chemin au cas où quand j’étais pourtant sur la bonne route. Je devais avoir l’air mal assurée d’ailleurs, car de nombreux passant décidaient de m’accompagner au lieu de me donner simplement une direction à suivre du bout du doigt.

Et puis il y a eu cette journée. Où étais-je précisément ? C’était un tout petit village quelque part dans le Connemara, mais lequel… En tout cas, je regrettais d’y être venue car il n’était pas particulièrement joli. Je suis allée rendre visite au seul disquaire du coin. J’y ai acheté l’album “Get Ready” de New Order. Je ne l’avais pas entendu préalablement. Je suppose que j’avais lu de bonnes critiques avant de partir, je ne sais plus. A l’époque, je choisissais de nombreux disques en fonction des chroniques de Magic et de Rock’n’Folk. Ensuite je suis entrée dans un Pub pour commander un verre de cidre. Et soudain, le silence. Pas de musique de fond, pas le moindre brouhaha. J’ai observé les gens autour de moi. De nombreuses personnes avaient la main sur la bouche, le souffle coupé, médusés. Les yeux écarquillés, ils regardaient en direction de la petite télévision en hauteur, calée sur une étagère du bar. L’écran était quadrillé en différentes images, des sous-titres défilaient. Mon cerveau n’arrivait pas à assimiler cette mosaïque et à lire le texte simultanément. Je n’en étais pas moins effrayée par le désespoir des personnes présentes autour de moi. Une femme pleurait silencieusement, les mains serrées autour de la poitrine de l’enfant sur ses genoux, si fort que ses ongles étaient blancs, comme si elle voulait empêcher le coeur de son fils de s’échapper. Je ne suis pas certaine d’avoir fini mon verre, mais le reste m’apparaît dans le désordre. Je suis allée acheter un journal, mais était-ce en sortant du Pub ou bien le lendemain matin…? Le B&B que j’avais réservé, était-il dans ce village, ou me suis-je déplacée entre temps…?

A un moment donné, quoi qu’il en soit, la ville était devenue inhospitalière. Bars, magasins, restaurants, rien n’était ouvert. Il pleuvait, de la bruine d’abord, vite remplacée par une averse. Quand j’ai rejoint le lieu où je devais dormir, une dame au visage crispé m’a accueillie sans faire de manières : « c’est fermé ». Mais j’ai réservé… « Nous sommes en deuil. » Mais… « Je suis désolée, dans ces circonstances, je ne peux pas faire autrement. » J’ai repris mon Guide du routard pour trouver un hôtel. Le choix était limité dans ce coin paumé. De toute façon, la conclusion était toujours la même : « fermé », « deuil », « solidarité », « désolé ». L’eau me dégoulinait dans les yeux malgré mon imperméable, j’avais froid, et je commençais à m’imaginer passant la nuit sur un trottoir. Alors, à défaut d’avoir une meilleure idée, j’ai fait du porte à porte pour réclamer un coin de canapé ou même de carrelage, je ne suis pas difficile, je me ferais discrète, aidez-moi… J’avais préparé tant bien que mal mon discours. Les portes restaient closes, jusqu’à cette dame – la combientième, je l’ignore – qui m’a ouvert, non sans méfiance. Au début, elle a balbutié : « je ne peux pas, si les voisins me voient… Nous avons tous un cousin là bas vous savez. » Mes larmes affleuraient, suffisamment intenses pour me noyer ou presque. Alors, comme si tout le village nous écoutait malgré les rues désertes, elle m’a chuchoté : « entrez vite ». Puis elle s’est empressée de fermer les rideaux. Je me sentais clandestine.

La maison était chaleureuse, malgré l’accumulation de bibelots et de bondieuseries. Elle m’a invitée à la suivre dans l’escalier, puis elle m’a désigné une pièce. « Ma fille n’est pas là, vous pouvez dormir ici. » Je m’apprêtais à la remercier durant toute la nuit quand le téléphone a sonné. « C’est sans doute ma soeur qui vit aux Etats-Unis ». J’ai posé mon sac à dos dans la pièce et je l’ai rejointe au rez-de-chaussée. Lorsqu’elle a raccroché, je lui ai demandé si elle savait où je pouvais manger puisque tout paraissait fermé. J’espérais sans doute vaguement qu’elle m’invite à partager son repas, ou à utiliser un sachet de pâtes dans son placard. Je n’étais pas consciente de l’effort qu’elle faisait en m’accueillant… Ce n’est que le lendemain que j’ai deviné qu’elle désirait être seule pour pleurer. « Il y a une petite épicerie ouverte tout au bout de la rue. » Je suis ressortie. De très loin, j’ai vu la file d’attente démesurée. J’ai supposé que les personnes qui ne m’avaient pas répondu tout à l’heure étaient ici. L’intérieur avait été dévalisé, sans exagération car des paquets éventrés laissaient à penser que de nombreux individus s’étaient servis sans payer. Dans la bousculade, j’ai attrapé ce qu’il restait : des Pringles et des tranches de cheddar enfermées dans du plastique. Il n’y avait absolument rien d’autre. Le caissier était dépassé. Et toujours ce silence, malgré la foule. Pas même un “bonjour” n’était prononcé.

Mon hôtesse m’a rouvert la porte, puis elle a disparu. J’ai rejoint la chambre au premier étage. C’était une chambre d’adolescente banale, tapissée de posters. Robert Smith, Prince et Kurt Kobain me fixaient tandis que j’avalais difficilement chips et fromage, trop salés dans ma gorge serrée. J’entendais le son du téléviseur en dessous, les mêmes bruits et probablement à peu près les mêmes images que tout à l’heure. J’ai voulu appeler ma mère, mais j’ai découvert que mon téléphone portable avait disparu, oublié ou volé je ne sais où dans la confusion. Je me suis allongée et j’ai mis le disque de New Order dans mon baladeur. Les titres ont défilé sans m’atteindre. Encore aujourd’hui, j’ignore s’il est très moyen ou s’il a eu la malchance d’être découvert dans un mauvais contexte. Je ne l’ai réécouté que par accident, en programmation aléatoire. En tout cas, plus d’une décennie après la tragédie, quand on parle des attentats du 11 septembre, les gens évoquent généralement ces images, devenues familières, d’avions et de tours en fumée. Pour ma part, je revois les visages des Irlandais autour de moi dans ce Pub, et cette femme qui a eu la générosité de m’héberger malgré tout. (A ce jour, Je n’ai jamais plus osé me rendre seule dans un pays étranger où personne ne m’attendait.)

26 commentaires sur “Il y a une dizaine d’années quelque part dans le Connemara

  1. Merci à toi, c’est déjà ça.

    Je ne supportais plus ma précédente note. Il fallait que je l’éloigne en écrivant autre chose. Or en entendant par hasard un titre extrait de cet album de New Order, ces souvenirs me sont revenus à l’esprit, précisément à ce moment là.

    1. La musique me fait souvent ça.. 🙂

      Je me souviens du 11 septembre. J’ai entendu des gens hurler pendant 1h. Dans ma tête.
      J’étais très angoissée. Et puis j’ai allumé la tv (je l’avais encore à l’époque), et j’ai compris.
      Je n’ai jamais cherché à expliquer ce qu’il s’était passé, quel lien s’était créé.. mais je n’oublierai jamais moi non plus..

      1. Oui, je crois que c’est fréquent pour toute personne sensible à la musique. Tant mieux sans doute.

        Je me suis déjà demandé comment j’aurais vécu cet évènement si j’avais été chez moi en famille, ou entre amis, à l’époque où j’avais une télé (moi aussi). Je suppose que j’y aurais été toute aussi sensible, mais différemment malgré tout.
        Les Irlandais réagissaient comme s’ils avaient perdu un membre de leur famille (ce qui était sans doute le cas parfois). Pour des raisons historiques, je crois qu’il n’y a pas ce lien là entre un Américain et un Français (ce qui ne nous rend pas insensible au drame humain pour autant bien entendu). Et puis, c’est cette manière de s’isoler dans le chagrin au lieu de se rassembler dans une douleur commune qui m’avait paru étrange.

        1. Non en effet il n’y a pas ce lien France/USA, les Irlandais (générations passées) sont souvent partis en Amérique pour un espoir d’une nouvelle vie (ou toute autre raison, je ne connais pas très bien cette trame historique)..
          En te lisant j’ai ressenti fortement cet isolement oui.. Je comprends que cela t’ai marqué autant, c’est très impressionnant.
          Ceci dit, en France je dirais qu’il se passe (globalement) la même chose chez beaucoup de personnes/familles mais d’une manière non assumée, pas aussi ouverte et brutale et que cela donne des situations très bancales. Ou alors il s’agit juste du mon ressenti.. A cause de l’éducation que j’ai reçue, je m’isole beaucoup, je sens que j’ai besoin d’aide mais je ne sais pas la demander et du coup dans la famille ça donne ce que tu écris dans ton post (sauf qu’ensuite on a des reproches du style « mais pourquoi ne pas avoir appelé », etc. qui sonnent complètement faux).
          J’ai peur de manquer de clarté dans mes propos..

          1. Je crois que je devine ce que tu veux dire. En tout cas, c’est très certainement culturel donc ta remarque n’est pas dépourvue de sens. Après, je n’ai pas une opinion claire sur ce sujet.

            Moi aussi, j’ai tendance à m’isoler plutôt qu’à demander de l’aide, notamment en raison de mon éducation mais peut-être pas pour la même raison que toi (c’est une supposition car je n’en sais pas assez sur toi pour juger, et tu peux développer les spécificités de ton éducation ici si tu en ressens l’envie d’ailleurs). Pour mes parents, par exemple, ça ne se fait pas d’afficher un mal-être, c’est de la faiblesse. Quand j’ai vécu une grosse dépression, je ne pouvais pas leur en parler étant donné que je les avais toujours entendu dire que les dépressifs étaient des faibles et des cinglés, par exemple. Dans le même temps, je savais qu’ils m’aimaient et qu’ils essaieraient de m’aider si je leur racontais ce que j’éprouvais, parce que j’étais leur fille malgré tout. Mais lorsqu’ils ont compris – sans que je leur dise – que j’étais au bout du rouleau, c’est par la colère qu’ils ont réagi, seul moyen pour eux d’exprimer des sentiments négatifs.

            A côté de ça, je ne saurais pas dire si les réactions face à la douleur sont différentes en France et en Irlande, et peut-être qu’à un autre endroit du même pays, les individus ont réagi différemment d’ailleurs. J’imagine que je ne peux de toute façon pas faire une généralité à partir d’un village isolé. Quoi qu’il en soit, la culture doit y être pour beaucoup.

    1. Merci car J’ai envie que mes textes aient cet effet là d’une manière ou d’une autre, puisque c’est ce que je recherche en tant que lectrice.

  2. C’est curieux, j’ai lu ce billet en ayant en tête des histoires d’attentat, d’IRA, d’accords de paix… qui ne collaient pas avec la dizaine d’année évoquée, et malgré tout j’ai été prise par surprise par cet effet 11 septembre.

    Tu t’en es achement bien sortie, dis donc, malgré tout. Même si je comprends que ça ne donne pas envie de repartir dans ce genre de conditions. Je t’envie l’Irlande, néanmoins. Tu as lu les bouquins de Sorj Chalandon, dis ?

    1. Je m’y attendais en réalité. Je ne voulais pas commencer en écrivant quelque chose du genre : « ce jour là, le 11 septembre 2001″… J’avais envie qu’il y ait une forme de surprise, celle que j’ai moi-même éprouvée avant de comprendre la situation.

      La manière dont l’Irlande a accompagné ma vie est très étrange d’ailleurs. Les deux premières fois, j’ai décidé d’y aller de moi-même. La troisième fois, mon amoureux a choisi cette destination pour notre premier voyage ensemble (et il m’a offert les billets comme une surprise, donc je n’y étais vraiment pour rien). Ces vacances devaient nous rapprocher après une période difficile, et c’est en Irlande que nous nous sommes détruits, nous séparant au retour. Ensuite, après nos 8 mois de rupture et notre réconciliation, on lui a proposé un poste de post-doctorant en Irlande, alors qu’il n’avait rien demandé et qu’il était prêt à aller plus ou moins n’importe où… Et j’ai passé deux ans à faire des allers-retours France-Irlande pour le voir, toujours systématiquement dans le Connemara. Au bout du compte, beaucoup de mes souvenirs les plus intenses ont été vécus là bas.

      Non, je ne les ai pas lus. Je le connais de nom et je crois qu’il est dans ma liste des écrivains à découvrir depuis fort longtemps, alors tu fais bien de me le rappeler… Est-ce que tu aurais un de ses bouquins à me conseiller en particulier ?

  3. Oui, justement, « Mon traître » et « Retour à Killybegs », où il raconte de façon à peine romancée le moment où il a lié une forte amitié avec un activiste de l’IRA et où…

    Mais tous ses romans sont magnifiques, certains un peu plus durs à digérer que d’autres, mettons !

  4. C’est ça.. (et effectivement on ne peut pas saisir à partir d’un village, des émotions aussi complexes. Mais ce fut poignant à lire). Dans tous les cas la différence culturelle joue je pense (d’un pays à l’autre, d’une famille à l’autre, ..).

    Dans ma famille, on ne peut pas être malade ni s’en plaindre (à la rigueur un cancer, ça présente bien pour en parler aux amis), et la dépression faut pas déconner, la faiblesse on n’a pas ça chez nous. Paradoxalement ils sont très bons pour enfoncer la personne au bout du rouleau. Lorsque mon (premier) fiancé est mort, j’ai pleuré dans les bras de ma grand-mère qui m’a dit : « c’est terrible que tu sois si loin, tu n’es pas assez forte pour t’en sortir seule ». Limite si elle m’a pas donné la corde. Forcément, j’ai bien retenu, faut surtout pas demander de l’aide c’est dangereux.
    La colère de tes parents me parle du coup..

    1. Cette phrase – « à la rigueur, un cancer, ça présente bien pour en parler aux amis » – est d’une dureté… Je ne sais pas si j’imagine à quel point c’est difficile à vivre. En revanche, pour la dépression, oui, c’est à peu près pareil chez moi. J’espère que c’était une maladresse de la part de ta grand-mère, quoi que ça puisse révéler à son sujet.
      Je crois que la colère est un moyen pour eux de masquer leurs émotions pour ne pas paraître faibles… Plutôt que d’avouer « j’ai peur pour toi parce que je t’aime », ils vont dire : « à cause de toi je vais mal alors arrête immédiatement tes conneries », en quelque sorte. Maintenant je sais décoder quoi qu’il en soit et je le vis bien dans l’ensemble. J’espère seulement que je n’aurais pas ce type de comportement avec mon fils.

      1. Dure mais réaliste (et prouvée malheureusement).
        Maladresse.. non. Juste ma grand-mère. Malgré tout elle reste la femme qui m’a élevé et donné de l’amour 🙂

        Je suis persuadée que si jamais ce comportement là devait se faire malgré toi, dans la seconde qui suivrait tu en aurais conscience : tu en connais le mécanisme, et tu veux l’éviter. Tu as les armes, tu peux avoir confiance 🙂

  5. J’adore ce texte! Le titre (je m’attendais presque a un western avec Clint), le suspens (Attentats de l’IRA, 11 septembre? Mais New Order c’etait pas plus annees 80? Ben non, du moins pas que), l’impression d’y etre, l’etrange reaction des habitants, l’histoire d’une fille coincee dans un bled en deuil en terre etrangere… une vraie perle! Je crois que le 11 septembre c’est un peu ce qu’etait l’assassinat de Kennedy pour nos parents. Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait quand c’est arrive (moi… une pizza dans le genre pas dramatique du tout). Pour moi, il y a aussi les attentats de Londres. Parce que j’y etais a l’epoque. Et que c’est pas passe tres loin.

  6. Oh ! Tu me fais vraiment plaisir en me laissant ce commentaire ! Non parce qu’en fait, c’est exactement le résultat que je souhaitais obtenir (qu’on se demande si IRA ou non, pourquoi ci et ça…) et que dans le même temps, je ne voulais surtout pas « trahir » mes souvenirs. En te lisant, j’ai l’impression d’avoir plus ou moins trouvé le bon équilibre dans ma narration.

    Je n’avais jamais pensé à faire ce rapprochement mais ça se tient, oui. Je ne suis pas mécontente de ne pas avoir trop d’autres souvenirs d’attentats marquants en mémoire. (Je me rappelle de ceux de Londres car j’ai des amis dans cette ville. Je me souviens de mon inquiétude pour eux. En revanche j’ai tout oublié quant à l’instant où j’ai appris la nouvelle).

  7. Oh Junko!
    Enfin te revoilà! 🙂
    Je m’étais faite une raison de ne plus te lire.. mais étonnament ça me démange un peu partout à chaque fois, et je ne peux m’empecher de penser souvent à toi… Alors hop. taper au hasard les quelques mots que je n’ai jamais pu oublier (le cerveau à ses obscessions obsedantes.. 🙂
    « junko, play me a song to set me free »; c’est ainsi que l’on retient les choses, les gens. Il suffit d’une phrase qui chante suffisament fort à l’intérieur.
    .. Je suis heureuse de te retrouver le sais tu?
    J’ai quitté Paris, quitter tout ce que j’ai toujours connu, pour plus d’espace, plus de respirations, la ‘campagne » qui te plait autant qu’elle t’effraie..
    J’ai retrouvé un emploi de libraire (ma bonne étoile à encore frappé..) et nous avons, avec mon compagnon, renové une grande maison qui nous a fait battre le coeur..
    Désormais nous proposons deux gites en location et… et si je t’en parle autant, (moi qui ne t’ai jamais vraiment dit grand chose de « concret ») c’est pour jeter ma petite bouteille à la mer et te dire que si jamais tu as envie de changer d’air, de laisser le ménage aux autre.. et bien je serai plus que ravie de t’acceuillir chez moi!
    J’espère ne pas passer pour une drôle de fille un peu étrange.. mais je sais qu’il y’a peu de chances qu’on se rencontre un jour, alors si chance il y a je veux la saisir! 🙂
    J’aime toujours autant te lire en tout cas..
    Je t’embrasse.
    Lily

  8. Tenir son corps lourd. L’impression d’la sentir me glisser des doigts. regarder partout autour. Y’a que des rugissmeents qui me plante ses crocs au fond du bide. etonnament personne vers qui se tourner. mais il en va toujours ainsi non?
    J’aimerai te parler à toi. surement parceque tes mots sont les seuls à me resonner au fond du ventre. alors je sais. je sais à quel point l’écriture ne se commande pas. à quel point parfois les mots ne sortent pas si facilement.
    mais si jamais l’envie t’en prend.
    ecris moi.
    Bien à toi.
    lily

    1. Je suis contente que tu m’aies retrouvée car ça me fait plaisir de te relire.
      En effet, dans ton premier commentaire, je t’ai à peine reconnue. Mais tu avais parfois l’air si vulnérable quand tu commentais que c’est agréable de te lire joyeuse;
      Niveau organisation et niveau budget, ce serait vraiment difficile de venir actuellement. Je garde le lien (ça a l’air chouette) et dans quelques mois ou quelques années, qui sait, pourquoi pas…?
      Je dois être une drôle de fille un peu étrange aussi car je m’imagine bien faire cette proposition dans un contexte similaire.

      Actuellement, je travaille sur un projet d’écriture que je dois finir rapidement, et je manque de temps pour écrire ici, pour écrire ailleurs, pour écrire autre chose que ce travail là en général. Néanmoins, il y a trop de phrases dans ma tête depuis tous ces mois alors je posterai sans doute bientôt ici.
      J’envisage de t’écrire depuis longtemps mais je ne sais jamais par où commencer. Et puis tu es assez intimidante en fait. Mais si tu veux m’écrire la première, si tu as envie de « me parler à moi » comme tu dis, n’hésite pas. Je ne laisserai pas ton message sans réponse.

      à bientôt…?

  9. Je viens de t’énvoyer un mail mais je crains que l’adresse ne fonctionne plus.. la mienne (anais.salitot@hotm.. ne fonctionne plus, je viens de m’en créer une nouvelle sur gmail)
    peux tu me redonner ton adresse ?
    merci pour tout.
    lily

    1. J’ai bien reçu ton message… Merci beaucoup, pour l’effort, pour la sincérité du contenu, pour ta confiance en moi…
      Je pense que je pourrai te répondre d’ici dimanche, au plus tard d’ici une semaine.
      A très vite

  10. Adresse : junko(.)frantic(@)gmail(.)com sans parenthèses (présentes uniquement pour éviter les spams). Je te répondrai rapidement.
    Merci à toi pour tout

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