C’est désagréable de voir un sablier en transparence, partout. Un sablier menaçant parce que quand je le fixe le sable ne s’écoule pas, mais si j’essaie de l’oublier pendant quelques instants, il s’est presque vidé entre temps…

Enfin heureusement la pluie, le froid, tout ça dehors, c’est les prémisses de l’automne. J’aime bien les journées grises parce qu’elles sont intemporelles, le ciel est identique du matin jusqu’au soir et j’ai moins conscience du temps qui passe ainsi. L’été la chaleur m’engourdit et ramollit mes gestes comme mes pensées, je lui préfère la fraîcheur revigorante.

L’automne est ma saison favorite, celle du renouveau, c’est à ce moment là que l’année commence et non pas en janvier (pour moi). A cause de la rentrée scolaire peut-être, ou parce que je suis née à la fin du mois de septembre.

J’ai “Catch the wind” de Donovan en tête parce que je l’ai écouté toute la soirée hier, et je n’aurais pas dû, cette chanson me rappelle l’absence. L’absence et le sablier. (When rain has covered leaves with tears, I want you near to kill my fears, To help me leave all my blues behind, While standing in your heart is where I wanna be and long to be. But I might as well try and catch the wind. But I may as well try and catch the wind)

Mais bientôt, il y aura les feuilles mortes rousses qui crissent sous les Docs, le froid qui fait briller les yeux et rougir les joues, les longs manteaux dans lesquels je pourrais me camoufler.

Des responsabilités nouvelles, des choses à apprendre, des week-ends pour se détendre, des gens à rencontrer, et tout ce qui s’en suit.

Et alors peut-être, ce sera vraiment chouette, tellement que j’en oublierai les heures, les dossiers interminables, ma peur injustifiée, et…

Sous mes yeux, il y a des files de parapluies, des ronds noirs brillants se déplaçant rapidement sur le trottoir, c’est joli vu d’en haut : les parapluies pressés.

Il y a exactement une semaine, le ciel était rempli de nuages roses lumineux. Il y avait le reflet d’une lumière dorée dans mon kir à la framboise. Ces nuages-barbe-à-papa étaient apparus au moment précis où ils cognaient leur verre en disant “à ta réussite”, c’était au moment où le ciel était le plus joli, alors…

Alors je vois des signes partout et c’est idiot car les nuages avaient cette couleur parce que le soleil se couchait, tout simplement.

Tout à l’heure, maman m’a dit : “quand je serais morte, tu me feras incinérer. Et après tu jetteras mes cendres au dessus de la mer. Mais fait gaffe au sens du vent, ne fait pas comme dans The Big Lebowski” et puis ça l’a fait rire, moi pas, pas du tout. (Mes mots sont aussi entortillés que mes pensées)

Le bruit de la pluie qui tape alternativement sur la vitre et sur le rebord de la fenêtre, ça ressemble au tic-tac d’une horloge déréglée.

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