L’après-midi sur une terrasse ensoleillée, à discuter de milliers de choses qui n’ont rien à voir avec l’Ecole. C’était le mot d’ordre. Il fallait faire semblant d’avoir d’autres obsessions en ce moment, peut-être aussi pour se déculpabiliser d’avoir passé une des rares après-midi libres sans travailler du tout alors qu’un partiel se rapproche. C’était plutôt réussi. Jusqu’à ce que je rentre chez moi buter contre la montagne de cours non rangés et de livres jamais fichés, j’y ai presque cru. Plus que deux semaines de toute façon, ce n’est pas ça qui changera grand chose à l’issue finale, alors dans ma tête à moi, c’est déjà fini, les dés sont jetés, etc. Et puis j’ai déterminé mon stage, donc un poids de moins dans la liste des décisions à prendre. C’est bientôt les vacances, je les vois là, je les sens et je peux presque les toucher.
La ville est léthargique et vivante. Le silence domine sous le soleil, mais par ici un marteau, par là un klaxon, à proximité des murmures. Etrange, comme si tous les bruits étaient étouffés. C’est doux, ça respire la paresse et la langueur.
Je commence à revivre, parce que bientôt : des concerts, son arrivée J-4, revoir mes amis d’Aix J-23, se laisser aller totalement, sans réveil ni travaux en groupe ni l’arrêt Flachet et ses rues tristes, ni… Sortir sans avoir peur de ne pas être assez “performante” à l’Ecole le lendemain, et profiter enfin de tout ce que je remettais à plus tard. Et puis revoir le Sud pour quelques jours à peine : me balader près des calanques avec mes parents, passer de longues minutes à regarder la mer, s’oxygéner là où on respire le mélange capiteux de sel et d’herbes provençales.
Dig ! au ciné, c’était bien évidemment. Même si j’aime mais sans plus les Dandy Warhols et que je n’ai jamais été fan des Brian Jonestown Massacre, inutile d’être passionnée par ces groupes pour apprécier le film. L’atmosphère, le conflit entre rock indépendant et besoin de célébrité, tout ça tout ça, suffit déjà. Et puis Garden State aussi, jolie comme une mélodie douce-amère, la légèreté et la lourdeur mêlée, plein d’envies en sortant. Avec les Shins, Zero 7, Coldplay, Nick Drake, Iron and wine, entre autres dans la BO.
Dans ma boîte aux lettres, j’ai reçu un cadeau de ma wishlist, sans aucun renseignement sur la personne qui me l’a envoyé. Alors je dis merci ici. Parce que j’ai passé une heure agréable à lire Le lac de Yasunari Kawabata. Un homme aux pieds hideux qui suit des jeunes filles. Mais derrière surtout, toute une réflexion profonde sur la beauté, l’attraper, la tuer, s’y noyer…Un petit côté surnaturel dans certaines descriptions, la psychologie des personnages toujours un peu trouble. C’est sombre et joli.
J’ai pris rendez-vous pour mon second tatouage, j’avais l’intention de le faire depuis un an, le processus est enfin lancé. Bientôt mon corps possédera un visage de chat noir aux yeux étoilés, qui s’ajoutera aux masques déjà gravés dans ma peau.
Envie de partir au hasard le plus loin possible avec un sac à dos : juste une idée récurrente qui passe.
Qu’est-ce que ça donnerait : Stuart Murdoch chantant une chanson des Tindersticks ? Ma tête est pleine de bêtises.
Un double CD de Belle and Sebastian sort le 23 mai, compilant les 7 Eps et singles sortis sur le label Jeepster, c’est-à-dire un certain nombre de chansons qui ne figuraient pas sur les albums. Mais je les ai toutes alors il ne faut pas que j’achète le coffret. Même si la photo est aussi belle que le titre, même si toutes ses chansons à la suite doivent être très agréables à écouter, même si… Résister à la pulsion fanatique du “tout ce que sort B&S je dois l’avoir”.
Je voudrais faire des festivals cet été mais je serais en stage. Maman dit : “à partir d’octobre tu seras au chômage et tu pourras faire tous les festivals, concerts et voyages que tu veux”. Quand je serais au chômage, je reprendrais des cours de théâtre, pour commencer. Et un jour on partira, je t’emmènerais à Los Angeles, on aura plein d’argent… Réminiscence de Monster.
En attendant tout ça, Je fais semblant de me jeter du balcon de l’Ecole, je dis des trucs glauques avec un air détaché, et je tire des balles imaginaires sur certains profs. Ma promo réagit en disant que je suis rigolote.
Tout compte fait, en y réfléchissant très fort, en analysant tout, au bout du compte, finalement, après réflexion, si j’inspire bien profondément avant de parler, alors je peux te regarder droit dans les yeux sans rire, et dire : ça va bien.