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en vrac et en bref

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Je me suis accrochée des mèches violettes dans les cheveux, j’ai fabriqué une cape rouge avec une capuche qui rendrait jaloux le petit chaperon rouge, j’ai pris des photos en gros plan de n’importe quoi parce qu’il y a des périodes comme ça. J’ai fouillé dans les vieux sacs pour retrouver ma collection de cartes postales anciennes, sur lesquelles des gens couleur sépia posent tout droits et crispés, dessous l’écriture distinguée est allongée et en boucles. En ouvrant les vieux albums photos, je me suis demandé, comme toujours, comme le bout de chou souriant blond à bouclettes et aux yeux bleus a pu devenir une brune livide aux yeux verts cernés. C’est un peu comme si toute la gravité des autres et la réalité tout autour s’étaient abattues sur moi en même temps, à un moment précis. Après, même si je suis toujours restée par la-bas, le décor a fini par déteindre sur moi. Mais peu importe, peu importe… J’ai dévoré des yeux la barbe à papa qui s’accrochait sur les collines roses au dessus de la mer. Je dis que je ne me sens pas d’ici ni d’ailleurs, que j’ai horreur du soleil et des cigales, et que l’accent provençal m’exaspère, mais je dois bien admettre la beauté des calanques de S.. sous le soleil couchant, dans la douceur de décembre. Et puis il y a eu la marche dans la pinède, l’écureuil dans le parc, et la grotte dans le rocher. J’ai joué à la poupée avec ma petite cousine, avec l’air de dire “c’est vraiment pour te faire plaisir”, en cachant secrètement ma joie. Je l’ai écouté arranger la réalité à sa convenance avec les classiques “on aurait dit que…”, avant de lui lire des contes d’Andersen, tristes mais tellement jolis, pendant qu’elle s’endormait sur mes genoux. J’avale toutes les sucreries qui se présentent et je me resserts de chaque plat sans une once de culpabilité parce que grossir est presque une obligation sociale en ce moment. J’ai fait des gateaux pendant des après-midis entières, vêtue du tablier Betty Boop, en dansant sur “I was born a Christmas day” de St-Etienne. J’aime bien utiliser la spatule comme s’il s’agissait d’un ruban et dessiner des lettres et des spirales avec la pâte. Quand je fais de la patisserie, je passe naturellement d’une pensée à l’autre, comme si mes idées avaient plus d’espace pour s’enchaîner. Et puis après, j’adore l’odeur de sucré – caramel qui se répand dans la pièce. Psychose paternelle oblige, j’ai presque arrêté de fumer, 5 cigarettes par jour depuis 3 jours, mes poumons et mon compte en banque me remercient. Maintenant, quand j’allume une cigarette, il y a comme un mini tremblement de terre, le sol bouge et le ciel tourne. J’adore me sentir tellement désintoxiquée qu’une taffe me fait l’effet d’une drogue. Et puis surtout, plus agréable encore que tout ça, régresser en se berçant de douceurs etc., je m’aperçois qu’il n’y a aucun heurt entre mes parents et moi, ni disputes, ni remarques blessantes, ni sous-entendus liés à des vieilles rancunes passées… Peut-être est-ce parce qu’ils ne me voient plus assez souvent pour perdre ces moments en engueulades. Ou alors, j’ai enfin appris à ne plus ressasser les conflits passés. Les petits détails qui me rendaient folle dans leur comportement, m’indiffèrent ou m’amusent actuellement. Finalement c’est paradoxal : il fallait que je m’éloigne pour les aimer, que je vieillisse pour redevenir une gamine… C’est curieusement agréable et triste tous ces moments qu’il n’est possible d’aimer au présent que parce qu’ils sont passés. Thé brûlant, biscuits chocolat, odeur de pluie, chat ronronnant, pile de livres et de dvd à proximité, éclats de rire de maman pas loin, sensation sécurisante d’être nimbée de douceur… Joyeux Noël à tous.

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