Même les mots n’intensifient plus rien, ils s’évaporent, absorbés dans mes veines malades, ou dans les noeuds de mon estomac. Informations, idées, projets, possibilités, tout se transforme en bouillie régurgitée ; l’absence de volonté élimine toute pensée claire. Impossible de rester droite, trop oppressée, la position foetale devient un réflexe, j’en oublierai presque d’avoir l’air. “Tu te suicides à petit feu depuis des années”, dit-il. Vous ignorez tous pourquoi, je le sais. Vos visages et vos voix me dominent, puis s’éloignent à l’infini – et je m’en fous. “Il y a un foyer infectieux dans votre corps, votre organisme lutte”. Alors j’imagine des globules rouges armés de boucliers, tentant de résister aux différents assauts que je leur inflige, petits personnages au yeux écarquillés et suppliants. J’en arrive à ricaner toute seule : allez-y mes chéris, battez-vous, je finirai par avoir votre peau. Je m’éparpille. Et dire que je ne voulais revenir ici qu’après ma renaissance, laquelle n’a jamais été envisagée. Papa, maman, copain, copine, navrée de vous décevoir mais non, ça ne va pas vraiment bien. Fière et attristée à la fois de découvrir que vous ne vous êtes rendu compte de rien, je constate que vous continuez à fuir maintenant que tout se dévoile… Le pire étant que finalement je m’en fous tout autant que vous.