* Maman chantonne “je jette une famille à la mer” avec conviction, elle y met tout son cœur. Au bout d’un petit moment je lui demande :
– Mais qu’est-ce que tu chantes ?
– Du Nougaro : je jette une bouteille à la mer
– Non, depuis 10 minutes tu ne dis pas : je jette une bouteille à la mer
– Bin je dis quoi alors ?
– Tu dis : je jette une famille à la mer.
– ah bon ? Mais tu es sure ?
– Oui.
Sans paraître décontenancée, elle reprend le texte tel qu’il a été originellement écrit par M. Nougaro. Un petit peu attristée, je fais semblant de me replonger dans mon livre. Tss-tss, ses rêves de fuite et d’oubli ne disparaîtront sans doute jamais. Je la comprends mais je lui en veux.
* Il y a encore le sachet de tisane posée dans la tasse, la bouilloire est restée chaude. C’est alors que je m’aperçois que, sans y penser, je me suis servie une vodka-coca. J’étais pourtant allée dans la cuisine en vue d’une tisane, toutes les preuves sont sous mes yeux. Mon comportement commence à m’inquiéter. Il va falloir se surveiller un petit peu plus. Eviter de conduire en roue-libre. Je jette la vodka-coca dans l’évier, parce qu’en plus j’ai réellement envie d’une tisane.
* Vendredi après-midi, j’étais avec ce jeune homme sympathique et cultivé. Nous avons discuté du plaisir de marcher en ville, de religion, de littérature japonaise, entre autres. Cette discussion ressemblait aux mezzés : plusieurs entrées, plusieurs sauces, et à la fin tu ne te sens ni lourd, ni affamé. Partant du postulat que l’enfer et le paradis sont propres à chacun, il a dit que pour lui le paradis c’était de ne pas être obligé de faire les choses, d’être totalement libre de ses actes, sans “tu dois” ni “il faut”. J’étais assez d’accord. Ensuite j’ai repensé aux situations passées qui m’avaient semblé paradisiaques, et il y avait un sentiment commun à toutes : l’exaltation. Donc mon paradis doit aussi être un lieu exaltant.
* Cette semaine je me suis régulièrement surprise à imaginer la vie des objets. Celle du nain de jardin, celle de la statue sur la place, celle de mon piano, celle d’un livre… Je crois qu’au fond, je me sens un petit peu inanimée ces temps-ci, dotée d’une fonction plus ou moins inutile, avec une bonne couche de poussière sur le dessus. A part ça, tout va très bien, évidemment.
* En ce moment je passe beaucoup de temps sur le site de la SNCF. Le reste du temps, je fais des simulations de vol sur Ryanair, Easyjet, etc. Un beau jour je vais partir sans même me rendre compte, comme dans une crise de somnambulisme… J’aimerais bien, en tout cas.
* J’essaie de détourner votre attention et la mienne par la même occasion.
J’essaie d’être discrète sans me faire oublier.
Ce blog sera en pause quelques semaines, j’ai besoin de me ressourcer comme on dit. On manque d’air dans ce petit site rempli de mots.