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Ici quelque part

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En décalage, mes gestes sont trop lents, ou ma respiration est trop rapide. Lorsque j’essaie d’accélerer, la machine écrit “système occupé”, certainement mais à quoi ? Toute cette foule de clients qui m’étourdissent, ils me disent des phrases et je n’entends que des mots, suspendus, mal raccrochés les uns aux autres. Je décrypte et réponds cotonneusement. Je flotte ou je m’enfonce, tout est éthéré. Dans ma chambre, j’évite de justesse les miettes de verre par terre, la même phrase me traverse l’esprit depuis un mois “il faudrait que je ramasse, un jour je vais me blesser”. En attendant, elles sont toujours là. Enfant, je ramassais les bouts de verre pour les mettre dans une boîte, que j’enterrais dans la terre. Je faisais croire à mes amis que j’avais trouvé un trésor. Après, j’échangeais mon trésor contre des jouets, des billes, ou des malabars. Derrière la vitre sale du magasin, il y a des images sans le son, des couples, des enfants, un chien… C’est reposant et abrutissant de les fixer. Tous leurs gestes sont tellement familiers. Je connais ce sourire et cette façon de s’embrasser, mais je ne ressens qu’une impression de déjà-vu en les observant, aucune humanité particulière. Les phrases de mes livres sont des lieux communs sur la société, crise des valeurs, absence de communication, etc. Il est impossible de tout savoir, ni sur eux, ni sur elle, personne ne peut tout apprendre, de toute façon, alors à quoi bon… “Junko, la terre appelle la lune”, dit la caissière voisine. De la lune, on voit très bien la terre, de très loin. “A quoi tu penses ?” Le système est occupé. “Essaie d’appuyer sur Efface / Annul / Entrée, la touche à gauche”. Pourquoi pas.

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