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[take me out tonight cause I wanna see people and I wanna see lights]

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J’attends sous la pluie. Je me tords la cheville pour ne pas écraser une coccinelle. Une coccinelle sur un trottoir mouillé dans la rue, c’est inhabituel. Elle non plus ne doit pas être à sa place. 1-2-3-4-5-6 taches noires sur son dos rouge. Viendra ou viendra pas ? Si elle passe à gauche : viendra, si elle passe à droite : viendra pas. Après quelques minutes d’immobilité, elle s’envole.

Je me souviens d’un mercredi pluvieux, le ciel avait été d’un gris sombre presque noir de l’aurore à l’aube, une de ces journées où la lumière n’est plus un repère temporel. Et puis, alors que j’étais dans le tramway, une couleur mauve étrange et brillante a illuminé tout le wagon obscur. Il y a eu un murmure de surprise et d’admiration, et quelqu’un a dit : “on dirait un film américain quand il va se passer un truc catastrophe”. Pendant qu’ils continuaient à regarder tous ce pan de ciel irréel, je me suis tournée vers l’autre extrémité et j’y ai vu un arc-en-ciel. C’était rien, un bref émerveillement, mais ça me suffisait après une journée boueuse. J’attends un événement dans ce genre là peut-être, en restant immobile sous la pluie quand je sais déjà que personne ne viendra. J’espère l’imprévisible, comme une envie d’être enfin au bon endroit au bon moment. En fait je désire un je-ne-sais-quoi susceptible d’effacer l’amertume de ces heures d’examen, d’énervement, et d’ennui, parce que je ne veux pas marcher sous la pluie et entrer dans mon immeuble, monter l’escalier raide et étroit, chercher mes clés, empêcher mon chat de se faufiler en ouvrant la porte, et enlever de mon sac les cours et les feuilles de brouillon colorées… Je cherche un instant de beauté, une interruption temporaire pour changer le cours de mes pensées. Je savais déjà que ce rendez-vous n’aurait pas lieu, par intuition, d’ailleurs je n’en avais pas réellement envie finalement. J’attends comme je peux souvent marcher sans but, errer, en espérant une occasion de tuer le temps. Je finis par me résigner : je ne m’échapperai pas aujourd’hui. En me dirigeant vers mon appartement, j’imagine des scénarios absurdes : je vais m’apercevoir que ma rue a changé, mon immeuble a disparu – quelques années se sont écoulés depuis cette attente sous la pluie et tout sera différent – etc., des idées qui ne mènent à rien, quoi.

Avoir encore autant de travaux à rendre quand il ne reste que quatre jours de cours et retrouver les soirées de travail et de solitude, c’est encore plus difficile après avoir passé deux semaines à alterner soirées entre amis et concerts. Je suis très proche de la fin du calvaire, tout en le sentant s’éterniser à chaque minute. Il y a des heures trop lourdes parfois et des jours où je rêve un peu trop aussi, sans doute.

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