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Judy never felt so good except when she was sleeping

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Vous croisez un garçon aux yeux bleus perturbants dans le tram, et ça vous fait quelque chose, genre le cœur qui s’agite et les yeux qui s’attardent. C’est juste assez pour vous donner envie de sourire et de marcher plus légèrement en dépit des 9 heures de cours qui vous attendent, un peu comme le rouge à lèvres brillant et la jolie lingerie pour le côté sexy mélangé au Friday I’m in love des Cure, pour le rythme et la légèreté. Et puis bon, après trois heures soporifiques de programmation informatique, vous n’y pensez déjà plus. Alors voilà que vous recroisez l’Individu au regard irrésistible en vous dirigeant vers le foyer de l’Ecole et là vous vous dîtes : ” ah tiens, il est dans mon école “, l’information arrive jusqu’au cerveau et vous créez des scénarios imaginaires où ladite personne a une place centrale tout en chantonnant if you’re find youself caught in love… Encore 4 heures où vous faîtes des efforts considérables pour ne pas fermer les yeux, les deux mains soutenant la tête qui dodeline, et vous songez davantage à un sommeil profond dans un lit bien chaud plutôt qu’au Garçon. Au moment de la pause, en sortant fumer la cigarette rituelle, vous vous trouvez nez à nez avec le Garçon qui tire sur sa roulée d’un air désinvolte. Vous faîtes semblant de rien en fixant le goudron avec un air concentré, histoire d’avoir un regard vide et stupide comme à chaque fois que vous vous sentez mal à l’aise. Et voilà qu’Il vient vous parler… La suite, je la tiens secrète, et puis d’ailleurs il n’y en a pas vraiment, et de toute façon ce n’est pas comme si j’étais une célibataire à l’affût des opportunités. Mais il fallait que je l’écrive, parce que ça paraissait trop inimaginable cette succession de hasards. C’est un peu comme lorsque ado, au collège, je rêvais que le Grand lycéen croisé dans le bus vienne me parler, sauf que évidemment, ça ne s’est jamais produit. Et puis là, en une seule journée, c’est comme s’il était partout, dés que je mettais un pied hors de ma classe, amusant et troublant.
Aujourd’hui à part ça, ma copine de classe m’a dit : ” tu m’as tellement manqué ! J’étais trop frustré, je me disais : elle m’a abandonné “. J’arrive en cours persuadée d’avoir droit à toutes sortes de reproches à cause de mon absentéisme, parce que je suis la seule à être systématiquement absente les débuts et les fins de semaine (autrement dit, je n’y suis plus très souvent), et en fait non, je leur ai manqué, d’ailleurs ils sont même contents de me revoir. C’est tout bête mais ça suffit à me faire plaisir, parce que dans les périodes où je manque de confiance en moi, la moindre attention me revigore immédiatement. C’est bizarre quand même, en me réveillant j’étais sure de vivre l’une des plus mauvaises journées de la semaine, à cause du nombre d’heures et du contenu des cours, du vent glacial qui s’infiltrait en sifflant sous ma porte, de mon cauchemar de la nuit dernière, de tout un tas de détails qui m’ont donné envie de me rendormir pendant quelques semaines. Mais quand j’ai ouvert ma fenêtre, le soleil n’arrivait pas à faire fondre la neige et l’éclat créait une sorte d’auréole autour de la petite fille blonde. C’est celle qui avait fait une ” bataille de neige ” l’autre jour, la fille de la voisine d’en face. A chaque fois que je la vois, j’ai envie de l’enlever et de l’adopter, à défaut de mieux son rire chantant me contamine systématiquement… J’aurais dû me douter alors que la journée aussi suréaliste et légère qu’une comédie américaine. Dans les films fantastiques américains, ça commence souvent par un signe sombre, par exemple un corbeau qui erre à proximité du héros. Donc une matinée qui débute avec un ange blond ne pouvait qu’annoncer des rencontres presque trop parfaitement agencées pour être crédibles, et une bande originale pleine de chansons romantiques. J’aimerais bien être dans “le jour sans fin”, le film où le héros revit systématiquement la même journée (le jour de la marmotte dans son cas), et puis à la fin évidemment, elle se serait modifiée selon ma convenance, que je préfère censurer, parce qu’il ne faut jamais dire les souhaits, sinon plus jamais ils ne se réalisent.

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