Quand la nuit tombe dans ma rue, des jeunes filles peinturlurées en talons hauts surgissent de toute part, elles disparaissent parfois, sans que jamais je ne distingue les hommes qui les ont enlevées. Des étudiants se dirigent naturellement vers le pub, comme un chien qui rentrerait dans sa niche. Un peu plus tard dans la soirée, il y a des rires forts, de nouveaux couples titubants, et quelquefois aussi on croise des policiers ou, plus rarement, des pompiers. Le matin, dans ma rue, il n’y a plus aucun bruit, toute la foule a été comme aspirée dans l’asphalte, d’où elle rejaillira le soir même, sans aucun doute. Pour le moment, je n’ai pas été contaminée par ma rue, je la regarde de là haut. Ma fenêtre est ma télé. Il y a un psychiatre juste en face de chez moi, je suis sure qu’il ne s’est pas installé là par hasard. Sous mes yeux, il y a une sorte de câble qui va jusqu’au mur d’en face, j’ai l’envie absurde de marcher dessus, après être sortie d’une bulle bleue façon Clémentine. C’est la seule méthode que j’emploierai pour sortir d’ici, de toute façon, car ma rue m’effraie. Je sais, de sources sures, que si ce virus peut toucher à peu près n’importe qui, il n’est supportable que pour les personnes accompagnées. En attendant, je le vis par procuration et c’est assez étrange… (Je suis toute seule). (Bloc Party et Siouxsie)