Assise et vacillante sur mon tabouret, sorte de cow boy grotesque, je réponds au défi de l’inconnue en face de moi – “à trois en une seule gorgée 1-2-3- tchin !” – 5 verres vides – celle-là est pour moi 1-2-3-tchin ! – “je t’imaginais pas aussi déjantée, je ne te verrai plus jamais de la même manière au Monop”, dit ma collègue – une trentaine de verre de ce mélange à base de vodka-melon plus tard, trou noir, je vis mon premier coma éthylique. Je fais moins la belle quand j’ouvre les yeux, étalée sur le carrelage, avec mes cheveux collés par le vomi. Je reste sous la douche jusqu’à ce que l’eau devienne froide, mais la honte et le dégoût restent, et ça tourne toujours. Je devais m’endormir tôt samedi soir, grâce au Donormyl, pour partager la journée de dimanche entre nettoyage et fichage de livres – j’ai refusé de rentrer chez mes parents afin d’être sure d’avoir le temps de bosser.”Je suis très déçue. J’étais tellement heureuse à l’idée que tu viennes. Je voulais t’acheter plein de chocolats et te faire un très bon repas. Ensuite nous nous serions promenés, ensemble. Si tu penses que tu dois travailler, alors tant pis… Gros gros bisous”, dit ma mère dans son mail. Je me sens conne, ridicule, irresponsable, coupable. J’ai réussi à me rendre malade, à lui faire de la peine pour rien, et à sacrifier une journée de révisions… “Il faut relativiser” disent-ils. Fermez-là un peu, un jour j’absorbe des cocktails ecstasy-méta-amphét’, le jour d’après c’est le coma éthylique, je suis sure que je pourrais faire encore pire la prochaine fois. Je sors la nuit pour faire durer la journée – retarder le lendemain pour ne plus penser à tout ce que je dois faire – fuire et m’oublier – ça me retombe dessus encore plus violemment quand je me réveille à l’aurore en pleurant. (Joy Division – en concert)