Ils me font confiance, je n’ai même plus besoin de trouver des excuses. Tout est acquis d’avance finalement, personne ne m’en veut jamais très longtemps. Ai-je donc l’air si gentille ? Joues de petite fille et sourire spontané, je vous ai bien eu. Soudain un éclair de compréhension : “arrête de me regarder avec tes yeux verts bizarres, on dirait que tu me veux du mal”. Quand je te déteste, tu n’arrives pas vraiment à y croire. Tu ris nerveusement à chacune de mes remarques ironiques, maman chérie, j’ai comme une envie de te frapper (ça suffit les caprices, au lit, je te raconterai une histoire). Il hurle tout le temps, jette des objets par terre, et invoque un Dieu auquel il n’a jamais cru. Yeux mal ouverts, tête bourdonnante, je m’agrippe à ma théière. “Je ne sais pas comment tu fais pour le supporter”, murmure-t-elle. J’enfonce mes ongles dans les paumes des mains, pour éviter d’envoyer de l’eau bouillante sur son visage (de lézard bavant). Vous me rendez méchante, cruelle, agressive. A cause de vous, j’ai peur de ce qui m’attend. A table, je rêve que je me fais un fix, ultime, pendant que vous dissertez sur les réformes de l’éducation nationale. Vous vous imaginez que je suis quelqu’un de bien, juste un peu trop silencieuse, secrète, si vous saviez à quel point je vous méprise. Vous êtes la preuve qu’il est possible de réussir sa vie tout en la haïssant, faire semblant d’être heureux pour mieux s’effondrer en cachette, pourrir la vie d’autrui afin d’oublier la sienne. Arrêtez de me faire confiance, de m’aimer, d’espérer, mais bordel stop ! Cessez de me rendre coupable en m’imaginant innocente… (fuir fuir fuir – ils auront toujours un bout de moi avec eux – je ne supprimerai jamais leurs traces)

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