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Moi et lui depuis presque 5 ans, avant et au-delà, lui et moi

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Voilà longtemps que je veux en parler, de ce sujet intime et sensible qui a métamorphosé ma vie et qui ne changera pas nécessairement la vôtre, ou pas comme ça, pas comme ci.

Voilà bientôt 5 ans que je souhaite le raconter, tel que je le ressens, peut-être pas lui, peut-être pas elle, peut-être pas toi, pas tout à fait à fait comme moi, en tout cas.

Je voudrais l’exprimer sans l’affadir, sans sombrer dans les grands sentiments et les clichés – l’odeur suave, la douceur des joues, les petits petons attendrissants et les rondeurs – sans nier les difficultés non plus.

C’est d’amour qu’il s’agit, alors c’est toujours compliqué de naviguer entre les écueils, les déjà-dit, les chansons, les films, les tableaux, les idées reçues et les exagérations. Je sais déjà que j’échouerai.

En fait, au commencement, j’hésitais à essayer, entre attirance et répulsion, pour reprendre les termes d’une amie qui n’en veut pas, de bébé, d’enfant, d’adolescent, bref d’individu à éduquer puis à protéger, tant bien que mal et même de loin, tout au long de la vie.

On m’avait d’ailleurs dit que je n’y arriverai pas : « et comment tu pourrais t’occuper d’un bébé quand tu ne sais déjà pas t’occuper de toi et de ton chat ? » Telle a été la réponse de mon amoureux, la première fois que j’ai suggéré d’avoir un bébé ensemble, lui et moi, entre immatures névrosés. C’est vrai, je l’avoue, c’était risqué.

Pourtant, depuis que je l’ai entraperçu pour la première fois, cet amour là est le seul dont je sais qu’il ne me lassera jamais, malgré l’usure du quotidien. Comme je sais qu’il changera de forme, pour lui du moins, car bien sûr il restera mon bébé, même quand il sera plus haut que moi, dans pas si longtemps… Chut ! Je n’ai pas envie d’y penser.

De sa petite enfance, je me souviens beaucoup du porte-bébé car je n’ai utilisé la poussette qu’après l’âge de 8-10 mois, faute de moyens pour en acheter une, mais en fait ça m’arrangeait. Le porte-bébé, objet certainement ensorcelé, calmait tous les pleurs, amenait les siestes et nous tenait chaud, à moi comme à ce bébé d’automne froid et brumeux, tellement opposé à l’automne ensoleillé actuel, bientôt 5 ans après.

Je n’étais pas une mère allaitante mais j’étais une mère kangourou, petites jambes pleines de plis autour de mes hanches et nez contre mon sein. Je n’étais pas une mère allaitante et, crois-moi, tu fais ce que tu veux de tes seins, tant que tu me laisses choisir comment utiliser les miens.

Je n’ai pas pour autant oublié le sourire béat de mon bébé après avoir tété son biberon tout contre moi, ni les nuits où j’ai pu enfin dormir, recharger mes batteries très usagées, en laissant mon compagnon se lever à ma place. Oui, j’en avais besoin et non, je ne m’en excuserai pas.

Dans un autre contexte, hors déménagement et licenciement, peut-être serait-ce différent, peut-être pas, vraisemblablement je ne le saurais jamais et ce n’est pas important, si ? Non, pour moi, vraiment pas.

Jamais, je n’affirmerai que toutes les femmes gagneraient à être mères. Je suis au courant des sacrifices, de l’abandon, de l’infanticide, de la maltraitance, etc. Chacune fait comme elle l’entend, tant que c’est un choix libre et consenti qui la rend heureuse. C’est une évidence que je me sens obligée de réaffirmer et seul ce dernier constat m’attriste.

Jamais je ne pourrais m’empêcher, non plus, de penser que certaines auraient changé d’avis si elles avaient ressenti cet amour profond, viscéral et indéfinissable, inimaginable oui, après le regard encore irréel, échangé entre la mère et l’enfant épuisés, juste après l’accouchement.

Je n’oublie pas, pour autant, le premier accès de fièvre, pourtant anodin (saleté de roséole), ni les nuits à vérifier subrepticement que ça respire toujours, cette petite chose brûlante oh tellement fragile dans le lit à barreaux, ni les trajets interminables pour trouver un médecin un dimanche, toujours pour rien (bain, surveillance et Doliprane, ne vous angoissez pas !)

Par ailleurs, l’exaspération des « non » vociférés, les protestations tellement violentes pour un si petit être et pour si peu aussi, résonnent encore de très loin, comme l’écho de la mer dans les coquillages.

Bon, je dois l’avouer, j’ai bien constaté que de ce point de vue là, j’étais mieux lotie que d’autres. C’est qu’on ne sait jamais qui on va rencontrer quand le ventre se remet à rapetisser, petit à petit, parfois trop lentement. Quand le bébé grandit et maigrit au rythme de ses premières courses, comme les arbustes au printemps. Lorsqu’il devient un enfant, l’air de rien.

Tout ça pour quoi, te demandes-tu ? Un jour pas si lointain, un ex-ami suicidaire m’a asséné : « tu as de la chance d’avoir quelqu’un qui te rattache à la vie. » Il est parti sans attendre ma réponse et je ne le reverrai pas. De toute façon, il se trompait, en réalité.

Mon enfant ne me rattache pas à la vie. En fait, avant lui, la vie, je ne l’aimais que sous anesthésie. Il est la vie, le coup de foudre inattendu, l’aube de l’espoir, l’éclaboussement des vagues incontrôlables, la tendresse animale, la mélancolie du soir couchant que je vis sans lui, il est la vie dans toutes ses teintes, mêmes les plus inattendues, les plus surprenantes et, pour être sincère, les plus chiantes de temps en temps (mais si rarement).

Même si je ne reproduisais jamais cette expérience, je ne regretterais pas de l’avoir vécue, elle, la maternité. J’espérais qu’elle me transformerait en femme raisonnable, soucieuse de sa santé, délivrée de ses démons et… Non. Je suis toujours moi, malgré tout. Mais je suis moi avec lui, après lui, en partie pour lui. Et ça embellit considérablement ma vie.

4 commentaires sur “Moi et lui depuis presque 5 ans, avant et au-delà, lui et moi

    1. Et ça me va juste très bien. 🙂
      Je me trouve pourtant assez maladroite et nunuche, surtout sur la fin, à la relecture (va savoir pourquoi celle là je l’ai relue rapidement alors que la précédente, toujours pas).

        1. Je te remercie pour ce commentaire. Alors, jeune maman (enfin je crois qu’avec un peu moins de 5 ans d’expérience et un seul enfant, c’est le cas), je ne pensais pas avoir autant de recul.

          Ce sont les événements récents (l’interdiction de l’IVG en Espagne, la campagne pro-allaitement de l’UNICEF en août, etc.) qui sont, en partie (en dehors de l’ex-ami que je cite), à l’origine de ce « brouillon de pensées », que j’ai écrit rapidement et sans retravailler le texte du tout. L’écriture spontanée était un choix, d’où un risque accru de « nunucherie ». Tant mieux si ça ne l’est pas tant que ça.

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