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Des gélules, du papier buvard… Des madeleines sucrées ou rances

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“Après les poumons et l’intestin, on vient de lui trouver des problèmes au foie, il n’en a plus pour longtemps…” “Pourtant, extérieurement, il avait l’air en forme” “L’enveloppe a encore belle allure, mais à l’intérieur tout est pourri…” Je me rappelle des dizaines de petites gélules colorées qu’il avalait avant chaque repas… Comme cet autre, beaucoup plus jeune, qui passait ses nuits dans les toilettes des boîtes gays ; il me disait “de toute façon je vais crever bientôt. Qu’est-ce qu’il me reste à part la défonce et le cul ?” “Alors pourquoi tu prends ces médicaments ? Quel est l’intérêt de te soigner si tu pars déjà vaincu ?” “Tu ne comprends rien… Les médicaments ne me servent pas à guérir, ils m’empêchent seulement de souffrir.” Je l’ai perdu de vue…. Et des autres sens, perdu tout simplement. En pensant à lui, pour me rassurer, j’espère “s’il était mort, on m’aurait avertie”. Qu’est-ce que j’en sais ? D’ailleurs, qu’est-ce que ça change ? […] Sur un siège voisin, une petite fille dessinait en se servant d’un papier buvard. Je me suis dit “oh ! le papier buvard existe encore…!” Comme si cette gamine ne pouvait pas posséder des objets de “mon époque”… Qu’entre mon enfance et la sienne, il s’était écoulé plusieurs siècles… Ce papier buvard tâché, grâce auquel elle étalait un ciel bleu sur sa feuille blanche, m’a rendue joyeuse. La petite était fière, elle croyait que j’admirais son dessin. Elle a écarté ses mains potelées pour mieux me le montrer. En fait, amusée, je remarquais : à son âge aussi, je créais des maisons minuscules et des bonshommes qui allaient jusqu’aux nuages. Un jour mon père, moqueur, a commenté : “et s’ils veulent entrer dans la maison, comment est-ce qu’ils font ? Ils doivent ramper pour ouvrir la porte !” Alors j’ai compris et arrêté de dessiner des gens ; pour leur préférer les fleurs, toutes aussi disproportionnées mais elles vivent dans la terre, donc ce n’était pas gênant. […] Par crainte des projets inaboutis, je m’attarde sur des visages qui m’en rappellent d’autres, des phrases passées plus ou moins bien reconstituées, et je m’évapore très loin, dans des archives trop fragiles pour être consultées…

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