Le rond marron dissocié sous ma tasse de café, la musique lancinante dans la radio, la bruine sur la vitre, la table en plastique couleur limace, les commissures des lèvres font mal d’avoir fait semblant de sourire, crispée, la douleur au creux du ventre… J’ai une violente envie de tout dégueuler, l’alcool, la drogue, le décor, le souvenir de sa peau, la lumière froide, etc. Je me demande pourquoi je suis encore dans cette situation là à espérer alors que ces nuits me rendent malade.

Il me dit des choses banales gentilles, du genre de celles qui se disent entre amoureux. Je ne réponds rien. Je ne veux pas mentir et en même temps j’ai peur d’être blessante. Il a été gentil, il a été tendre, il a fait tout ce qu’il fallait… Je me sens cruelle de ne pas l’aimer. Je préfèrerais m’enfuir de ce café minable, le plus loin possible jusqu’à en devenir amnésique.
A bout de forces, je me contente de fixer la cuillère qui tourne anarchiquement le liquide noirâtre
.
Ce serait pratique si l’amour n’était qu’une question de volonté… Quelque chose de facile et de spontané. Ce serait facile si la “compatibilité amoureuse” était à l’image des tests débiles dans les magazines féminins, cocher les cases : “vous aimez plutôt les bruns ou les blonds ? Vous le voulez gentil, intelligent, passionné ?” Il rentrerait dans tous les critères et pourtant…

Le lien naît parfois petit à petit, progressivement, sans même en avoir pleinement conscience, un jour on réalise qu’on est attaché à l’autre. D’autres fois, c’est brusque, instantané : frottement puis brasier. Ça peut être durable et construit patiemment, ou n’être qu’un feu de paille court et intense. Dans tous les cas, il y a toujours cet instant évident où l’autre est devenu une part de soi-même. Ce ne sera pas le cas cette fois, je le sais déjà et je m’enferme dans cette impasse par simple lâcheté.

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