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Don’t touch the wall

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La lumière est grise à peine entrecoupée de rayons. C’est une de ces journées vaguement mélancoliques où le temps se disloque. Elle s’accorde parfaitement au “bang bang” de Nancy Sinatra que j’écoute en ce moment même. C’est un peu comme un dimanche, sauf qu’il n’y aura pas vraiment de lundi, de reprise du travail ou des activités. Je n’ai rien de particulier à faire dans les heures, les jours, les semaines qui viennent. Aucun endroit où je serais obligée de me rendre, pas de formalité, personne à voir, aucune raison quelconque de faire quelque chose ou d’aller quelque part. Il y a quelques mois, je ne me serais jamais imaginée dans une situation aussi fixe. Cela fait tellement longtemps que j’accumule les listes et les efforts à fournir en les regardant s’allonger avec inquiétude. Je n’ai jamais été du genre active, mais désormais je peux ne rien faire sans avoir à culpabiliser ou à développer des argumentations compliqués pour m’autodéfendre (tu t’authorises ça mais après tu feras ça en échange). Je peux lire, dessiner, écouter de la musique, marcher dans toute la ville, je pourrais même prendre un billet d’avion pour n’importe où, la seule nécessité étant d’être ici le 4 octobre, pour la rentrée. Rien ne me rattache à cette ville ou à ses habitants. C’est le soir que cette sensation s’accroit. Avant, j’angoissais de ne pas avoir sommeil à 2 heures du matin, parce que le lendemain il fallait que j’évite de m’endormir à ma caisse. Même le samedi, sortir me rendait malade à cause du dimanche, seul jour de congé où je pouvais travailler sur les concours, avant le pointage du lundi matin. J’étais obligée d’alterner Stilnox, Donormyl et Lexomil pour accomplir un minimum d’heures de sommeil. Maintenant, je vis mes insomnies avec sérénité et sans somnifère, peu m’importe de m’endormir à 5 heures du matin, je peux me lever à l’heure que je désire de toute façon. Personne n’exige que je sois efficace. Pour la première fois depuis… (toujours ?), je comprends ce que c’est que d’être en vacances, ça vient du mot vide. Vide, non pas comme vide intérieur ou comme nihilisme, uniquement du vide temporel. Entre ces deux journées monochromes, il y a eu une nuit dorée passée à regarder ce manga, “Haiban Renmei”. J’en suis sortie éblouie et légèrement perplexe. Des questions, des réponses hypothétiques, et une étrange sensation d’inachevé, précisément parce que rien ne peut (ni ne doit) être terminé.