Si je ne m’appelais pas Junko, je crois que je m’appelerais Mnémosyne, la divinité de la mémoire, parce que finalement tout y renvoie… J’écris un blog pour mémoriser des bribes de sentiments et de situations, afin de mieux les éliminer ensuite. Je ne crois pas être passéiste, mais certainement nostalgique. J’entretiens plus ou moins mes traumatismes en les dissimulant, avant de les évacuer subitement dans un sanglot devant un interlocuteur stupéfait qui n’avait pourtant rien demandé. Amitié ou amour, je garde en tête les phrases, les blessantes et les réconfortantes, chacune sur un poids de la balance, et quand le négatif est trop lourd, je disparais… Ce n’est pas de la haine, ni même de la rancune, seulement de la lâcheté, pour ne pas avoir à te dire qu’un seul mot ridicule a pu me faire définitivement mal. Je peux aussi partir parce que tout est trop positif et que je ne me sens pas à la hauteur de la représentation que tu te fais de moi, quand tu découvriras que… alors je donne toujours les mêmes prétexes “c’est pas toi, c’est moi en ce moment… un jour peut-être”, ce jour n’est jamais revenu jusqu’à présent. Identité et mémoire, moi étouffant. Mnémosyne désarticulée, ma mémoire ressemble à un livre mal paginé, tout est mélangé, le désir au chapitre amitié, l’absence de confiance en soi dans la sous-partie amour, le début se confond avec le milieu, chaque fois que j’aperçois les dernières pages, les pages précédentes reviennent s’intercaler. Si je pouvais décider de la fin, je créerai une amnésie partielle, des lambeaux de pages. Il faut que j’arrête avant de devenir trop pathétiquement lyrique. Tu ne liras certainement jamais ce texte mais, sincèrement, tu n’as rien fait, tout vient de moi ou de Mnémosyne.

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