Le vent ne suffisait pas à la pousser dans l’autre direction. Il soufflait fort sur son visage, comme pour l’éloigner de l’arbre. Je veux seulement savoir s’il y a, dans l’écorce, les traces de notre amitié, ces dessins avec nos initiales dans le bois, se répétait-elle. Vérifier si l’herbe est encore aplatie, jaunie, par endroit arrachée, par nos longues après-midi à discuter, adossés au tronc, jambes nues entremêlées. Réussirait-elle à ne pas tourner le regard vers la deuxième branche sur la droite ? Non, ses sens seraient trop à vif. À mesure qu’elle se rapprochait, elle le comprenait : ce n’était pas leurs souvenirs qu’elle souhaitait se remémorer. D’une manière ou d’une autre, quoi qu’il soit devenu, c’est lui qu’elle espérait revoir, entendre, percevoir, au pied de l’arbre auquel il s’était pendu.
C’était ma contribution à l’atelier n°2 du Blog à mille mains, à partir d’une photo de Dame Ambre avec l’insertion, dans le texte, de la phrase « le vent ne suffisait pas ».
C’est très gai, aurait dit ta mère (si j’ai bien tout suivi).
Tu as bien suivi. Aucune des fictions que j’écris n’est gaie, à dire vrai. Même si ce n’est que la deuxième fois que j’écris un texte à partir d’une photo imposée.
Me connaissant, tu devrais savoir que même si je manie bien l’autodérision de temps en temps, dans le fond je ne suis pas très gaie non plus (et ma mère le sait)
Tu n’es pas non plus un puits sans fond de noirceur 🙂
Encore heureux ! Je fais assez bien illusion en tout cas ! 🙂
Hé mais tu sais, certains des souvenirs agréables que la fille de cette histoire a vécus, ils sont toujours là, dans le texte. D’ailleurs, je leur consacre plusieurs lignes et il n’y a qu’une seule phrase triste, finalement.
Et encore que, si ça se trouve, même si je ne crois pas à la vie après la mort, dans cette histoire là, elle peut ressentir sa présence sous l’arbre et en être heureuse ensuite.
Cela dit, l’objectif était un contraste entre un début cliché (où on s’imagine un rendez-vous à l’eau de rose) et une fin inattendue (chute). Je ne saurais dire si ça a fonctionné ou non mais bon, c’est simplement ce que je recherchais. (Même si, après ta remarque, j’ai constaté que dans presque toutes les fictions que j’essaie d’écrire, il est question de la mort, d’une manière ou d’une autre.)
Je ne peux t’en vouloir. J’avais écrit de (très très courtes) nouvelles et je pensais les regrouper sous le titre « A tous les coups, on meurt »…
J’imagine assez bien ce titre pour un polar… D’ailleurs, après une brève recherche, ça a été fait : « A tous les coups on meurt » de Nicolas Doazit, livre publié en 1963 dans la catégorie « livres policiers et thrillers » et plus particulièrement « espionnage ».
Damned.
Mais j’avais mis une virgule, la ponctuation change assez un titre pour que mes 3 histoires puissent faire un beau livre de 9 pages avec ce titre, non ? 😀
Bien entendu, la virgule change tout. Il n’y a rien de mieux qu’une ponctuation adéquate pour sublimer une phrase. De toute façon, avec deux références à ce livre sur Google, j’ai comme l’impression que ce bouquin n’a pas révolutionné la littérature ni été lu par grand monde.
Par ailleurs, la quantité ne fait pas la qualité (à titre personnel, je trouve plus difficile d’écrire une histoire très courte qu’une histoire longue, c’est à se demander pourquoi je m’obstine à essayer d’écrire des nouvelles).
Terrible et beau. Douloureux, Dame..
Je te remercie, pour ce commentaire et pour l’inspiration grâce à la photo et au challenge.
La phrase interrogative du texte me gène : elle casse le rythme, mais tant pis. Je crois que j’ai passé trop de temps à essayer de rédiger des articles web, ailleurs, souvent introduits par une question.
Très beau, comme d’habitude.
J’adore le concept, merci pour la découverte, je participerai au prochain 😉
Merci beaucoup.
Si j’ai bien compris le principe (tu peux toujours vérifier auprès de Dame Ambre), tu dois participer à tous les ateliers en envoyant les textes quand tu en as envie. Autrement dit, tu dois participer aux ateliers n°1 et 2 avant de participer au 3ème (qui devrait être en ligne demain). C’est encore faisable, tu n’as pas 10 ateliers de retard…
En tout cas, j’espère lire ce que ces photos t’inspirent.