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14 chansons avant de partir

Catégories Musique

Je n’ai quasiment rien écrit ces dernières semaines pour diverses raisons plus ou moins identifiables : des objectifs professionnels à atteindre en un temps limité, des week-ends entre amis bien remplis, et sans doute une lassitude générale vis à vis de ce que j’écris… J’en ai assez de parler de l’absence de mon amoureux et de “ma” bibliothèque, sachant que je n’ai pas envie de partager le reste. De toute façon, mes archives en témoignent, l’été me pousse rarement vers l’introspection, quand la musique reste omniprésente dans ma vie quelle que soit la saison. A partir de demain soir, je passerai 20 jours avec mon amoureux, de ma Provence natale à l’Irlande en passant par l’Angleterre, loin de l’ordinateur. L’unique note du mois d’août sera donc musicale. Je pars sur 14 titres soit 1 heure de musique (estimez-vous heureux, il y avait 40 morceaux dans ma première sélection), en espérant retrouver le goût d’écrire à mon retour.

1. The Rest – Modern Time Travel (Necessities)

J’ai entendu cette chanson pour la première fois sur ce blog indispensable. C’était en mars, il me semble… Je l’ai écoutée plusieurs fois ce jour là. Alors je ne comprends pas comment j’ai pu attendre quatre mois avant d’acquérir l’album. Depuis, en tout cas, je ne cesse de l’écouter. “Everyone All At Once” pourrait être le meilleur disque pop-rock de l’année. Entre morceaux épiques et ballades acoustiques, chaque titre est harmonieux et entêtant. Je choisis de partager “Modern Time Travel (necessities)” pour son refrain irrésistible, mais si je tenais un audioblog, j’ajouterais que cet album, dans son intégralité, est “hautement recommandé”.

2. Donny Hue and the Colors – Lady Tomcat and the Turning Trees

Je ne sais quasiment rien de Donny Hue and The Colors. Je n’ai même pas écouté un seul de leurs albums en entier. Via Hypemachine, j’ai écouté une chanson que j’ai aimée instantanément. Alors j’ai pioché d’autres morceaux en libre écoute… J’ai repéré l’omniprésence de l’harmonica, une longue écoute de Dylan sans doute, des textes souvent intéressants, mais rien d’assez original pour me donner envie d’en savoir plus pour l’instant, en dehors de ce titre : “Lady Tomcat and the Turning Trees”. Il m’a transportée dés les premières secondes de la découverte… D’abord et surtout, je suis sensible à cette voix rauque et sourde, presque androgyne. Ensuite, il y a la manière dont les instruments s’assemblent et se renforcent, la guitare présente dés le début, puis le piano, cet harmonica, et enfin tout se meurt dans le bruit de la mer.

3. Angel’in Heavy Syrup – First Love

Ces 3 Japonaises ont sorti quatre albums, entre 1991 et 1999, avant d’être oubliées. Pourtant leur musique psychédélique méritait davantage de reconnaissance. Parfois leurs solos de guitares de dix minutes peuvent décourager l’auditeur, et certains morceaux ressemblent à des puzzles sans thème, sans refrain, bref sans fil conducteur. En revanche, “First Love” est très accessible tout en restant un très bon morceau.

4. Manual Zombie – Justifying to God

Ce duo de Brooklyn vient à peine de sortir son premier EP, “Ice From The Sun”. Le groupe joue, avec une grande part de second degré, sur une imagerie liée aux zombies et aux films gores. Je n’ai pas adoré les titres que j’ai entendus jusqu’à présent, à l’exception de celui-ci. J’en suis la première surprise, car étant très sensible à la pureté des voix, je tolère mal les paroles “grondées”. Néanmoins, j’admets avoir écouté ce morceau une dizaine de fois en moins d’une semaine, sensible à sa mélodie et à son ambiance à la fois apaisante et inquiétante.

5. Blind Man’s Colour – Sleeping Habits

Les membres de Blind Man’s Colour sont deux étudiants américains de 19 ans. Ils ont commencé par faire des reprises, de Animal Collective notamment… Une influence évidente, trop évidente, à l’écoute de l’album “Dreaming Seasons”. Cependant, ils savent créer de bons morceaux. Peut-être même oserais-je dire qu’il se hissent au niveau de leurs idoles. J’ai choisi de partager le titre qui me paraissait le plus unique. L’album, en dépit de son relatif manque d’originalité, s’écoute très agréablement. Il vient tout juste de paraître sur Kanine Records et je lui prédis un certain succès.

6. Eagle Boston – Satan Highway

Ce groupe de filles berlinoises n’est pas encore signé sur un label et n’a sorti aucun album. Seul ce morceau, paru sur une compilation emusic, est disponible. C’est new wave voire post-punk, dansant et accrocheur. En attendant d’en entendre davantage, j’ondule facilement dans mon salon en écoutant “Satan Highway”.

7. Clann Zu – Absence makes the heart die

Récemment mon amoureux m’annonçait qu’il avait relu nos premiers mails. Par curiosité, j’ai fait de même. C’est ainsi que j’ai vu qu’en 2004, je lui conseillais d’écouter Clann Zu. J’étais très élogieuse quant à ce groupe que j’avais complètement oublié 5 ans plus tard (et qui s’est dissous entre temps d’ailleurs). Depuis, j’ai rattrapé cette amnésie en me repassant leur discographie. Ce groupe, malgré sa brève durée de vie, a réussi à explorer différents domaines musicaux, du folk au post-rock en passant par le rock. “Absence makes the heart die” m’a émue immédiatement. Bien sûr, le titre me parlait, m’inquiétait précisément, étant donnée ma situation actuelle. Évidemment, j’ai fait une fixation sur ce passage : “and you crawl away to fade another day”. Néanmoins, comment résister à ce violon et à ces lamentations ? Ce morceau est déchirant.

8. Otomo Yoshihide’s New Jazz Ensemble – Preach

C’était il y a trois ou quatre ans… Mon amoureux est arrivé dans mon précédent appartement et, avant même d’avoir enlevé son manteau, il m’a dit : “ça, ça va te plaire” en plaçant son casque sur mes oreilles. Depuis, en effet, ce morceau fait partie de mes favoris. J’y reviens régulièrement alors que je n’aime pas toujours ce que fait Otomo Yoshihide. Je suppose que la voix fêlée presque fausse de Jun Togawa ne pouvait que me plaire. J’ai une sensation d’ivresse quand je me passe cette chanson… Inexplicablement, je me représente une femme qui chante en titubant devant un orchestre de jazz pour faire danser un public, une sorte de tristesse festive.

9. Goodnight and I wish* – The Rule of Three

Goodnight and I wish* est un “one man band”. L’artiste, qui a enregistré l’album chez lui, a l’air d’un curiste caricatural. La pochette – tellement mignonne ! – semble avoir été dessinée par un adolescent gothique. Cependant, cette musique, quoique inégale, n’est pas inintéressante. L’album est divisé en deux disques, l’un s’intitule “moon” et l’autre “sun”. Le disque “lunaire” est plutôt post-punk, froidement dansant et 80’s, tandis que le disque “solaire” est assez pop, cousin des disques de Moose. Si je devais mettre une note à l’ensemble, ce serait 3/6. Néanmoins, certains morceaux méritent d’être entendu, “The Rule of Three” extrait de “Sun” par exemple.

10. Zola Jesus – Smireneye

Zola Jesus, c’est Nika Rosa Danilova, compositrice et chanteuse de 20 ans, qui fait une musique expérimentale, plus ou moins noise, gothique, ou pop, mais toujours en lo-fi (donc oui, ce son sale est complètement volontaire). Son premier album est sorti cette année et s’intitule “The Spoils”. La jeune femme utilise essentiellement un piano, une guitare, et surtout sa voix éthérée. Ce morceau est mon favori, notamment grâce au contraste entre le rythme industriel et la douceur de la mélodie.

11. Keyboard Choir – In this situation, thinking won’t help you

Comment définir ce groupe anglais (Oxford) électronique, expérimental et sombre… Ce morceau, en tout cas, n’avait rien pour me plaire au départ, dans le sens où la voix de rappeur américain (à 2 minutes et 20 secondes du morceau) correspondrait plutôt à ce que je déteste. D’autres morceaux purement électroniques de l’album s’accordent davantage à ce que j’aime écouter. Cependant, voilà, à la fin de ce titre, quand le rythme s’accélère, mon cœur bat la chamade or rares sont les morceaux qui me donnent d’aussi belles tachycardies, d’où ce choix.

12. Animal Magic Tricks – King

Je n’ai pas encore acheté le premier LP de Frances Laura Donnelly (aka Animal Magic Tricks), disponible à un prix dérisoire sur son myspace, mais j’y pense suite à ce que j’ai vu et entendu d’elle. Une belle voix, un violoncelle et quelques bidouillages électroniques peuvent suffire à me satisfaire.

13. múm – sing along

C’est peut-être une mauvaise nouvelle pour les fans de l’electronique délicate et planante de ce groupe : désormais, sur son dernier album “Sing Along Songs You Don’t Know” (sortie prévue pour le 24 août sur FatCat Records), múm fait de la pop, une pop toute à fait charmante par ailleurs. Ce morceau en est un exemple parfait : c’est la chanson adorable – so cute ! – qu’on ne peut s’empêcher de fredonner et qui rend joyeux… Rien de plus, mais certains jours cette musique peut être salvatrice.

14. Musette – 23 october

Musette, c’est surtout Joel Danell, compositeur et pianiste suédois. Datum est son premier album. Chaque titre porte le nom de la date à laquelle il a été créé. Il s’agit, en quelque sorte, d’un journal instrumental. Il contient du piano, du violon, de l’accordéon, de la guitare, des bruits enregistrés sur cassette et parfois un sifflotement. Même si le 23 octobre côtoie le 18 juillet ou encore le 24 janvier, il me semble entendre la bande-son d’un film qui se déroulerait en été. La semaine dernière, j’étais allongée dans l’herbe d’un parc, à côté d’un ami. Nous ne nous disions rien. Il lisait pendant que j’observais les nuages – fixes au dessus de moi, alors que ceux situés à ma droite s’enroulaient paresseusement et changeaient de forme à chaque instant – en écoutant les exclamations joyeuses des enfants, le bruit d’un ballon heurtant un arbre, les voix fortes d’un couple… L’herbe fraîche poissait mes bras, moites malgré la brise. Si je choisissais une musique pour accompagner cet après-midi là, ce serait celle de Musette. Je ne partage qu’un morceau, mais l’album devient vraiment intéressant quand il est diffusé en intégralité, car il faut laisser à l’atmosphère de l’enregistrement le temps de prendre possession de l’espace et du temps.

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