Le verre s’est cassé, la bougie se consume toujours à l’intérieur, mais la cire se répand sur la table. C’est rouge et orangé, très épais, dessinant un personnage informe sur la toile cirée – biscuit à la cannelle en forme de bonhomme. Tout est brun et noir autour de la cassure. Il faudrait souffler sur la bougie et tout nettoyer, ce sera irrécupérable après. Je préfère la laisser diminuer, parce que c’est joli. Je repense à ce jour où, petite, j’avais vu une bûche s’échapper de la cheminée et enflammer la moquette. Assise juste en face, je regardais les braises éclater, mon père m’avait foulé le poignet en me tirant en arrière, hurlant. J’aurais surement pu laisser la maison brûler ce jour là. De toute façon, c’est juste une toile cirée à jeter, éteindre la bougie ne suffirait pas à la sauver, d’ailleurs elle est moche. Elle est plus originale avec sa cire. N’importe quoi. Tori Amos vocalise sur “she’s your cocaïne”, je dessine des ronds dans la cire avec des allumettes à l’intérieur, je vous enferme, ça fait quoi d’être dans un cercle collant ? Pourtant vous brillez. Elle a eu une jolie mort finalement, la petite marchande d’allumette ; les enfants noyés par le joueur de flûte aussi. Je me lève et je regarde mon oeuvre : accès de démence. Charme rompu.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


− 6 = un